Washington/Haïti: Historique d’un Droit de Regard

AFP.- Washington suit avec inquiétude la tension qui entoure l’élection législative de dimanche en Haïti, test délicat pour le Président Bill Clinton, près de six ans après l’opération militaire destinée à restaurer l’ordre constitutionnel à Port-au-Prince. Avant même l’ouverture des urnes, les opposants républicains de M. Clinton fourbissent leurs armes au Congrès, prêts à exploiter un éventuel échec du processus électoral ou une flambée de violence pour redoubler de critiques contre la politique étrangère du président démocrate. »Ces élections sont un test crucial pour la démocratie en Haïti, et permettront par conséquent de mesurer la réussite ou l’échec de l’intervention de septembre 1994″, affirme Rachel Neild, du Washington Office on Lain America, un centre d’analyse privé américain. L’intervention « Restore Democracy » avait permis de remettre en selle le président de l’époque Jean-Bertrand Aristide, en exil aux Etats-Unis après avoir été déposé par un coup d’Etat trois ans plus tôt.Avec quelque 20.000 hommes, pour l’essentiel des Américains assistés de petits contingents caribéens, elle a constitué l’une des plus massives interventions extérieures américaines des dernières décennies.Six ans après, les Etats-Unis ont dû multiplier les pressions pour que ces élections législatives, couplées à des élections locales, se tiennent après plusieurs reports. Outre les incertitudes sur l’issue du vote, les violences qui ont entouré la campagne, marquée par de nombreux meurtres, attentats et agressions, ont amené Washington à multiplier les appels au calme.Le département d’Etat américain, qui avait exprimé mi-avril sa « plus profonde préoccupation face au climat d’insécurité » en Haïti, se voulait d’un optimisme modéré à quelques jours du scrutin.Son Porte-parole, Richard Boucher, a estimé que l’élection pourrait être considérée comme acceptable pourvu que les autorités fassent les efforts nécessaires pour maintenir le calme.Wahington, a-t’il ajouté, appelle toute la classe politique à « dénoncer publiquement les actes de violence » et à encourager la population » à se rendre massivement aux urnes pour montrer son soutien à la démocratie ». L’imortance de la communauté haïtienne aux Etats-Unis, évaluée à près d’un million de personnes, et le fait que les troubles dans ce pays se sont traduits à plusieurs reprises par des afflux massifs de candidats à l’exil, renforcent la vigilance de Washington. Les risques pour l’administraton américaine se situent également sur les bancs du Congrès. »Les Républicains sont déterminés depuis longtemps à prouver que Clinton a fait une grossière erreur de jugement en intervenant pour rétablir le Président Aristide. En réponse, l’administration Clinton a souvent été évasive et sur la défensive », relève Rachel Neild.L’influent sénateur Jesse Helms, Président de la Commission des Relations Extérieures et pourfendeur infatigable de la politique étrangère du Président Clinton, a décidé au début du mois de geler la majeure partie du reliquat d’aide américaine à Haïti pour l’année fiscale en cours.Justifiée par un contentieux sur le traitement accordé en Haïti à une entreprise américaine, Rice Corporation, cette mesure privant le pays de 23.6 millions de dollars, dont une partie destinée à financer l’envoi d’observateurs pour le scrutin, contraste avec la discrétion de l’administration Clinton sur d’éventuelles sanctions.En revanche, trois élus de la Chambre des représentants, deux républicains et un démocrate ont surmonté leurs divergences pour signer un communiqué commun dénonçant la violence politique en Haïti…

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