Yvon Neptune entendu par la justice à Saint-Marc

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L’ancien Premier ministre Lavalas, Yvon Neptune, est actuellement entendu par le juge d’instruction de Saint-Marc, Cluny Pierre Jules, dans le cadre de la tuerie de La Scierie survenue le 11 février 2004. L’audition de ce mercredi 25 mai 2005 est la première de M.Neptune qui, jusqu’ici, avait refusé de rencontrer les autorités judiciaires de cette ville située au nord ouest de Port-au-Prince. L’ex-dignitaire lavalas qui observe une grève de la faim est arrivé dans une ambulance de la Mission de l’ONU en Haïti suivi peu après de ses avocats. Un important dispositif de sécurité est mis en place par la Police nationale et la Minustah. Des curieux sont massés aux abords du tribunal de Saint-Marc. L’instruction s’est accélérée avec l’audition ces derniers jours de plusieurs hauts dignitaries du régime déchu lavalas. M. Neptune, selon l’expert indépendant des nations unies pour les droits de l’homme, Louis Joinet, soutient la thèse de l’affrontement entre les activistes lavalas de Bale Wouze et les opposants du Ramicosm. L’ex-Premier ministre d’Aristide réclame qu’il soit blanchi et libéré. Le juge Cluny Pierre Jules a entendu l’ancien ministre de la Justice et de la Sécurité Publique, Calixte Delatour, le mardi 17 mai 2005. Le vendredi 20 mai, l’ex-directeur de la police nationale, Jocelyne Pierre, a été auditionné. Le lundi 23 mai, c’était au tour de l’ancien député lavalas Amanus Mayette, dirigeant de l’organisation populaire « Bale Wouze » de répondre, une nouvelle fois, aux questions du magistrat instructeur. Le mardi 24 mai, l’ex-ministre de l’Intérieur et des Collectivités Territoriales, Jocelerme Privert, est à nouveau interrogé par Maître Cluny Pierre Jules. Jusqu’ici, les auditions se sont déroulées sans incident au milieu d’un impressionnant dispositif de sécurité. Les victimes de la tuerie de La Scierie ont porté plainte notamment contre les membres du Conseil supérieur de la police pationale (CSPN) composé du Premier ministre, du ministre de la justice, de celui de l’Intérieur, du secrétaire d’Etat à la sécurité publique, du directeur de la police et de l’inspecteur général de la police. Le 11 février 2004, des policiers accompagnés des activistes armés de « Bale Wouze » et appuyés par des policiers montés à bord de l’hélicoptère de la Présidence ont donné l’assaut contre le quartier La Scierie, fief des opposants au gouvernement Aristide regroupés au sein du RAMICOSM. Bilan : 25 morts recensés par le RNDDH ( ci-devant NCHR). Un document en ce sens a été remis au magistrat Louis Joinetlors de sa récente visite en Haïti, rapportent les responsables de cette organisation. Le 9 février 2004, Yvon Neptune s’était rendu à Saint-Marc pour annoncer le rétablissement de l’ordre dans la ville, théâtre de contestation du régime Lavalas. L’accélération de l’instruction dans le cadre de la tuerie de La Scierie survient à un moment où la communauté internationale critique la lenteur de l’appareil judiciaire. Un député américain de la Floride, membre du Black Caucus, Kendrick Meek, a récemment déclaré que la mauvaise gestion du dossier Neptune pourrait amener à la suspension de l’aide internationale. En réaction, le président provisoire de la République, Boniface Alexandre, a fait valoir le dossier est d’ordre judiciaire et non politique.

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