Ils avaient déjà franchi la frontière à Malpasse-Jimani et étaient en route pour Santo Domingo samedi matin à bord de deux minibus de transport public quand ils furent arrêtés par la police à Neyba. Ils y sont encore détenus, sans assistance consulaire aucune.Victimes d’un réseau binational très actif de trafic d’êtres humains, que « les autorités de deux pays affectent d’ignorer », de l’avis des organisations de défense des droits des migrants, les 25 migrants illégaux actuellement écroués à Neyba, sont aujourd’hui livrés à eux-mêmes. « Tout un réseau de trafiquants s’est mis en place entre les deux pays pour exploiter une main d’œuvre abondante, en quête de mieux être », constatait déjà en 2007 Colette Lespinasse, coordonnatrice du Groupe d’Appui aux Rapatriés et Réfugiés (GARR). »Malgré le fait que pendant plus de trois quarts de siècle, les dirigeants des deux pays ont encouragé et même favorisé le déplacement de travailleurs d’un pays vers un autre, rien n’a jamais été fait pour régulariser leur situation et leur permettre ainsi de s’intégrer dans la société et d’y évoluer en toute liberté et dignité ».L’article 3-a du Protocole de Palerme additionnel à la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée, visant à prévenir, réprimer et punir la traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants, définit la traite des personnes de la façon suivante : « L’expression « traite des êtres humains » désigne le recrutement, le transport, le transfert, l’hébergement ou l’accueil de personnes, par la menace de recours ou le recours à la force ou d’autres formes de contrainte, par enlèvement, fraude, tromperie, abus d’autorité ou d’une situation de vulnérabilité, ou par l’offre ou l’acceptation de paiements ou d’avantages pour obtenir le consentement d’une personne ayant autorité sur une autre aux fins d’exploitation ».« L’exploitation comprend, au minimum, l’exploitation de la prostitution d’autrui ou d’autres formes d’exploitation sexuelle, le travail ou les services forcés, l’esclavage ou les pratiques analogues à l’esclavage, la servitude ou le prélèvement d’organes. »Parallèlement au trafic de main d’œuvre, révéle le GARR, régulièrement des raids qu’on appelle « redadas » sont menés contre des haïtiens et contre toute personne suspectée de nationalité haïtienne. Sous prétexte qu’ils sont entrés dans le pays de manière illégale, des personnes à la peau noire sont arrêtées et expulsées à la frontière sans autre forme de procès. « Depuis lors, affirme le GARR, ce mouvement ne s’est jamais arrêté, au mépris des conventions internationales. Chaque année, ce sont environ 20,000 Haïtiens et Haïtiennes ainsi que des descendants haïtiens nés en territoire dominicain qui sont ainsi expulsés ».Neiba ou Neyba est une ville de la République dominicaine, capitale de la province de Bahoruco, située à environ 45 kilomètres de la ville frontalière de Jimani.HA/Radio Métropole Haïti
25 migrants haïtiens sans papiers arrêtés samedi par la police dominicaine toujours détenus à Neiba
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