
Une enquête menée récemment par le Réseau National des Droits Humains (RNDDH), laisse apparaitre que 50 000 personnes demeurent toujours dans des camps, 11 ans après le séisme.
Ainsi, 26 camps ont été répertoriés, 24 dans l’Ouest et 2 dans le Sud-est par l’organisme de défense des droits humains. Dans 21 de ces 26 espaces réservés aux sinistrés du séisme de 2010, les trois quarts des abris provisoires sont à bout de souffle et ne peuvent plus protéger leurs occupants contre le soleil, le vent et les pluies. D’ailleurs, depuis plusieurs années les résidents ne reçoivent plus d’assistance.
Selon l’enquête du RNDDH, seuls 24% des sinistrés ont accès à des latrines, 19% à de l’eau, qui leur est vendue à des tarifs élevés. 4% des résidents de ces camps d’accueil disposent d’espace de stockages pour l’eau.
Sur place, les comités mis en place au lendemain du séisme ont disparu et la vie est organisée par des chefs de famille.
Toutefois le RNDDH reconnait que tous les habitants de ces camps ne sont pas des victimes du séisme :
« Certains abris ont été vendus par leurs occupants et appartiennent donc à des gens qui peuvent être des sinistrés, ou non. Cependant la plupart des résidents considèrent qu’ils occupent des sites de relocalisation et qu’à ce titre ils peuvent disposer des espaces qu’ils habitent à leur guise. On observe donc la présence de maison en dur, parfois de taille importante dans ces camps » a expliqué Marie Rosy Kesner Auguste Ducena du RNDDH, sur les ondes de Radio Métropole.
Dans le viseur des spoliateurs
L’enquête réalisée par le Réseau, montre également que si les terrains privés ont été récupérés par leurs propriétaires depuis longtemps, aujourd’hui ce sont les camps de relocation établis sur des espaces publics qui font l’objet de convoitise.
« Les sinistrés sont soumis aux pressions des spoliateurs qui veulent mettre la main sur des terrains qui ont une valeur importante. Les habitants du Camp de Tabarre-Issa, par exemple, ont subi 5 attaques armées en 2020. La situation n’est guère différente à Léogâne, où la propriété des terrains sur lesquels est implanté le Camp « des sans voix » est revendiquée par des riverains » précise la responsable de projet au RNDDH.
Pour Marie Rosy Kesner Auguste Ducena, la société haïtienne doit faire front afin d’exiger des autorités le respect du droit de tous et de toutes à la sécurité et à la dignité humaine. C’est-à-dire pour réclamer que les victimes d’un séisme aujourd’hui en voie d’oubli, aient enfin le droit de vivre normalement.
AL / radio Métropole Haïti