Trois mois après l’ouragan Jeanne qui a ravagé les Gonaïves, en Haïti, plus de 520 000 $ en aide d’urgence amassés par la radio haïtienne montréalaise CPAM, en septembre dernier, dorment toujours dans une caisse à Montréal. Ces dons, recueillis auprès des Québécois à titre d’aide d’urgence, devaient être acheminés rapidement aux sinistrés des Gonaïves durement touchés par les inondations et la destruction engendrée par la tempête Jeanne. Un organisme peu connu Ces 520 000 $ de dons avaient été amassés au profit de l’Organisme d’entraide canado-haïtien (ODECH) qui n’était pas en mesure à ce moment d’émettre des reçus pour dons de charité. Une situation qui aurait toutefois été corrigée en novembre dernier avec l’obtention d’un numéro de charité officiel par l’organisme. Lors du passage de Jeanne aux Gonaïves, des locaux à l’hôtel de ville de Montréal avaient été mis à la disposition de l’organisme et de la radio haïtienne qui ont aussi joui d’une importante couverture médiatique. Lors du radiothon qui a eu lieu du 25 au 28 septembre dernier, 526 000 $ en dons d’urgence ont été recueillis au total. De cette somme, 6000 $ auraient servi pour couvrir les frais d’administration de l’organisme et payer l’expédition de denrées et de médicaments aux Gonaïves. Mais, c’est au moment d’affecter les 520 000 $ restants à l’aide aux Haïtiens que l’ODECH a annoncé vouloir dépenser cette somme non pas en aide d’urgence, mais plutôt en projets de développement durable à long terme comme le reboisement et le développement de l’énergie solaire en Haïti. Certains crient à la fausse représentation Un virage qui ne ferait pas l’affaire de plusieurs membres de la communauté haïtienne de Montréal dont certains crient à la fausse représentation. Selon Guerdy Préval, animateur à la radio CFMB 180 AM, cité dans le quotidien montréalais Le Devoir, « Les gens n’auraient pas donné autant d’argent pour qu’ils fassent (l’OECH) des projets à long terme. (…) Le reboisement c’est un projet qui appartient à l’État. » En fait, plusieurs Haïtiens sont outrés de savoir qu’un demi-million de dollars dort dans une caisse à Montréal alors que la population des Gonaïves est encore privée de l’essentiel au quotidien. S’attaquer à la source des problèmes À l’ODECH, la présidente de l’organisme, Asma Heurtelou, s’est défendue en déclarant qu’à plusieurs reprises, pendant la collecte de fonds, il avait été mentionné aux gens que des sommes seraient consacrées au développement durable. Un point de vue confirmé par le propriétaire de la radio CPAM, Jean-Ernest Pierre. Pour eux, il est important d’agir à la base des problèmes plutôt que de tenter d’y pallier constamment à la dernière minute. Selon la vision de l’ODECH, les 520 000 dollars amassés devraient plutôt servir à s’attaquer à la source du problème qui a entraîné cette tragédie aux Gonaïves, soit l’érosion des terres engendrée par la déforestation intensive du pays. L’achat de manuels et d’effets scolaires pour les enfants des Gonaïves est également prévu par l’ODECH. Cette situation a provoqué énormément de remous au sein de la communauté haïtienne de Montréal. L’Organisme d’entraide canado-haïtien devrait tenir une conférence de presse au cours de la journée pour faire le point sur toute cette controverse. Radio-Canada
520 000 $ de dons à Haïti dorment dans une caisse
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