A quinze (15) jours de la réévaluation de la Mission de l’OEA , le pouvoir Lavalas se cherche une voie de sortie de crise …

Le 4 septembre approche et toujours pas d’indication sur la mise en oeuvre des points clés de la Résolution 822 de l’Organisation des Etats Américains (OEA) afin de mettre sur pied le Conseil Electoral. Le gouvernement à travers le ministre des affaires étrangères ,Joseph Philippe Antonio , annonce pour bientôt des pas dans le sens de la fin de la crise politique . A l’occasion de l’activité gouvernementale « Mardi de la Presse » du mardi 12 août 2003, le chancelier a indiqué que des actions seront entreprises en vue de mettre fin à l’impasse . Joseph Philippe Antonio en a profité pour réaffirmer que le président Aristide ira au terme de son mandat ( 7 février 2006) critiquant ainsi la prise de position de la Fédération Protestante d’Haïti ( FPH) suggérant au Chef de l’Etat d’appliquer la Résolution 822 ou de démissionner. Son collègue , Mario Dupuy, secrétaire d’Etat de la communication,a même qualifié les membres de la FPH « d’opposants déguisés ». M. Antonio a poursuivi que « ceux qui s’attendent à une application intégrale de la 822 avant la formation du Conseil Electoral peuvent continuer à rêver ». Pendant ce temps , la question du vide institutionnel est largement agitée par le Pouvoir pour justifier l’urgence de la tenue d’un scrutin . Par un simple calcul, les autorités Lavalas prévoient que d’ici janvier 2004 , elles auront à faire face à l’absence de la Chambre des Députés et de plus d’un tiers du Sénat , un redoutable vide institutionnel, si elles n’arrivaient pas à organiser des élections. Ayant peut-être en mémoire les anomalies provoquées par le constat de caducité de la 46ème législature fait par l’ancien président René Préval , le 11 janvier 1999. Par la suite , l’ancien chef de l’Etat allait passer une bonne partie de son mandat à gouverner par décret créant de fait une situation exceptionnelle non prévue par la Constitution. Aujourd’hui qu’Haiti se trouve encore face à une telle éventualité eu égard aux difficultés de mise en place du CEP de consensus de la 822, c’est à grand renfort de propagande ou de publicité que parlementaires, membres d’Organisations Populaires (OP) et autres officiels annoncent la tenue prochaine des élections dans le pays . Mais le hic , comment les organiser et avec quel CEP ? Vu le contexte politique difficile où Haiti – disons mieux , la classe politique , les organisations de la Société Civile – a les yeux rivés sur la communauté internationale qui fait un ensemble d’exigences liées à la Résolution 822 . Le gouvernement a un choix à faire entre deux (2) options . 1) Pour organiser des élections, le pouvoir doit mettre en oeuvre les points essentiels de la 822 c’est-à-dire l’arrestation d’Amiot Métayer , le démantèlement des bandes armées , le châtiment des auteurs des violences du 17 décembre 2001 et la nomination d’un nouveau commandant en chef de la police en consultation avec l’OEA. Et ceci avant la date du 4 septembre prévue pour réévaluer le rôle de l’OEA en Haiti , selon les avertissements des Etats-Unis et la Résolution 1959 de l’organisation hémisphérique, adoptée en juin dernier. Dans ce cadre, on tente de comprendre pourquoi le chef a.i. de Fanmi Lavalas, Jonas Petit , avait laissé entendre , au début du mois d’août soit environ un mois avant l’expiration de cette échéance, que la Résolution 822 est dépassée . La Constitution prime sur la 822 , avait affirmé M. Petit avant de rappeler que la Fanmi Lavalas a échangé beaucoup d’idées avec l’Opposition mais sans résultat consensuel pour tirer le pays du bourbier . Cette déclaration a mis de l’eau au moulin de Alix Lamarque , président du Conseil Electoral inopérant . Sans équivoque , mais d’un ton prudent, M. Lamarque déclare être prêt à organiser des élections . Dans la foulée, le président du CEP semble aussi oublier que son équipe dysfonctionnel a été mise au rencart par l’arrêté présidentiel en date du 7 févier 2003 créant un CEP selon l’esprit de la 822 , même si il est autorisé à préparer le terrain par le Président de la République , Jean Bertrand Aristide.2) Se lancer dans des élections sans la 822 tel que préconisé par Jonas Petit pourrait être considéré comme une entreprise osée aux yeux de la Communauté Internationale. Cette aventure risque de mécontenter l’international . Le chef de la Mission Spéciale David Lee a été clair en indiquant que l’OEA ne va pas accepter des élections en dehors de la 822. M. Lee avait aussi indiqué qu’on ne saurait attendre septembre pour organiser des élections . A date, le Président de la République tarde à franchir l’ étape consistant à octroyer, par arrêté , le plein pouvoir au CEP inopérant d’organiser des législatives en dehors de sa mission initiale de tenir des complémentaires , prélude au Conseil Electoral Permanent. Une telle décision pourrait non seulement entrainer la dissolution du CEP virtuel du 7 février mais aussi mettre en difficulté les partenaires haitiens du CARICOM au sein de l’OEA. Ayant jusqu’ici le dernier mot , Jean-Bertrand Aristide a mis les pendules à l’heure en indiquant voulant rester dans l’esprit de la 822 , ce que d’aucuns considèrent comme l’autre choix du Président . Mais comment rester dans l’esprit de la 822 à une quinzaine de jours environ de la date du 4 septembre quand les secteurs clés ( société civile et opposition) se plaignent encore de la détérioration du climat sociopolitique. Et aussi rester dans l’esprit de la Constitution qui ne prévoit pas de vide institutionnel. De toute façon , les observateurs attendent les grands pas annoncés par le ministre des affaires étrangères en direction de la résolution de l‘impasse vieille de trois (3) ans .

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