« Adelante », qui de Jovenel Moise ou de l’histoire aura raison ?

829

En 2012, Michel Martelly a eu un Gracien Jean pour lui dire « Adelante » (en avant); à l’époque, le président chanteur voulait mettre en place un conseil électoral permanent, mais son projet avait buté sur la réticence des parlementaires à designer leurs représentants.

Au Karibe, devant une assistance composée de proches du pouvoir et de certaines têtes de l’opposition, le politologue a invité le chef de l’état à avancer dans son initiative faisant ainsi fi des positions de plusieurs personnalités, notamment Evans Paul, qui avaient critiqué la méthodologie employée pour créer le CEP.

« Adelante », un mot qui a raisonné dans la tête du président de l’époque et qui l’a poussé à  maintenir le conseil électoral. Une structure baptisée Collège transitoire du conseil électoral permanent, CTCEP, montée suite à un accord avec le parlement grâce à la médiation de Religion pour la paix.

Mis en place en avril 2013 pour réaliser les élections sénatoriales, municipales et locales, le CTCEP allait être dissout en février 2014 suite à l’accord d’El Rancho sans avoir rempli sa mission. Michel Martelly, malgré son orgueil ou sa bonne volonté de doter le pays d’un conseil électoral permanent, selon le vœu de la constitution, a échoué dans son projet.

Aujourd’hui, personne ne sait qui murmure « Adelante » dans les oreilles du chef de l’état haïtien, mais Jovenel Moise semble vouloir partir sur les traces de son mentor, son parrain Michel Martelly. Après avoir constaté la caducité du parlement et tenté sans succès de dialoguer avec l’opposition, le locataire du palais a mis en place, seul, un conseil électoral provisoire dont les membres ont été installés sans avoir prêté serment devant la cour de cassation.

Déjà le CEP a publié un calendrier, forme les membres des BEDs et BECs, le cap est donc mis sur les élections. Sauf que, le conseil est décrié, contesté, rejeté par la classe politique et certaines structures de la société civile dénoncent son illégitimité. Le CEP veut organiser des élections que de nombreux observateurs ou partenaires d’Haïti estiment improbables vue l’environnement socio-économique et sécuritaire qui prévaut actuellement dans le pays.

Mais le président, lui, il avance, il a des projets sur le feu, il a une nouvelle constitution à faire voter, un pouvoir à transmettre à un autre élu en février 2022 et cinq ans de mandat à sauver.

Joseph Lambert peut toujours multiplier les rencontres avec des officiels et qualifier le conseil de CEP fantoche, Rony Desroches et consorts peuvent toujours dénoncer la façon dont les membres du Conseil ont été sélectionnés, l’opposition peut toujours crier à qui veut l’entendre qu’elle n’ira pas aux élections avec ce CEP, les organismes de droits humains peuvent toujours tirer la sonnette d’alarme sur la multiplication des gangs dans le pays, les medias peuvent toujours parler de conseil électoral d’exception, Jovenel Moise et son gouvernement sont en mode « tet Dwat » « adelante » ignorant ainsi les leçons du passé.

Luckner GARRAUDJournaliste Radio/Télé Métropole

Publicité