Aggravation de la situation des droits humains en Haïti, la CIDH se montre profondément préoccupée

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La Mission d’enquête de la Commission Interaméricaine des Droits de l’Homme (CIDH) a bouclé, le jeudi 29 août 2002, sa visite de trois (3) jours en Haïti. La CIDH s’est dit extrêmement préoccupée par la dégradation de la situation des droits humains dans le pays. La Commission Interaméricaine des Droits de l’Homme (CIDH) précise avoir noté aucune amélioration en ce qui a trait aux problèmnes posés lors de sa première visite. “L’Etat de droit en Haïti est fragile, le pouvoir judiciaire manque d’indépendance, des groupes armés agissent en toute impunité et des menaces sont proférées contre des journalistes haïtiens. Autant de constatations qui portent la CIDH à exprimer sa profonde préoccupation en marge de sa visite du 26 au 29 août dernier en Haïti. De plus, informée de l’attaque perpétrée contre la prison des Gonaïves, le 2 août , ayant occasionné la fuite de 159 détenus, la Commission Interaméricaine des Droits de l’Homme dit espérer que le gouvernement diligentera les enquêtes nécessaires afin de tirer au clair les faits qui entourent cette évasion. La CIDH souligne également un manque de dialogue entre les différents secteurs de la société qui constitue, selon elle, un obstacle sérieux dans la recherche des solutions aux problèmes et représente la “faiblesse des bases fondamentales de l’établissement d’un Etat de droit”, selon les termes de la Convention américaine et la Charte Démocratique Interaméricaine. La CIDH déclare déplorer que la recommandation faite en ce sens lors de la première visite n’ait pas été respectée. “ C’est une société haïtienne en situation difficile qui requiert la préoccupation de la CIDH et se traduit notamment par l’extrême pauvreté de la majorité de la population, les taux élevés d’analphabétisme et de mortalité infantile”, a déploré la Commission qui, selon elle, entraine une situation de crise sociale et également une série de violations des droits humains. Elle ajoute que le respect des droits humains ne concerne pas seulement les droits civils et politiques mais également les droits économiques, sociaux et culturels constituant un défi de grande envergure. “Ce défi ne peut se résoudre sans une participation profonde et sans l’élaboration d’un plan concret de développement de la part du gouvernement avec la collaboration des différents secteurs de la société et de la communauté internationale”, soutient la CIDH. Selon la Commission Interaméricaine des Droits de l’Homme, la violence a également augmenté de façon considérable à Cité Soleil où des cas de viols de fillettes, des assassinats et la détention illégale d’armes par des civils sont dénoncés. Le gouvernement n’a pas obtenu de bonnes notes de la part de la Commission pour le manque de progrès dans la campagne de désarmement annoncée. “Il est du devoir de l’Etat de combattre toute manifestation de forces de sécurité illégales ainsi que des structures de pouvoir parallèles et doit avoir un plus grand contrôle sur la possession et l’usage d’arme à feu” soutient la CIDH qui exhorte les autorités compétentes à juger, puis sanctionner les membres des groupes illégalement armés dans le pays. En ce qui concerne la liberté d’expression, la CIDH exprime sa préoccupation face aux cas d’assassinats, de menaces et de harcèlement de journalistes, des évènements dénotant l’entrave du droit à la liberté d’expression. Dans son rapport, la CIDH réitère sa prédisposition à collaborer avec le gouvernement ainsi qu’avec la société dans son ensemble afin de contribuer au renforcement de la défense des droits de l’homme dans un contexte démocratique et de légalité constitutionnelle.

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