Le Front de Résistance de l’Artibonite qui contrôle la ville des Gonaïves depuis le 5 février s’est renforcé avec l’alliance , le samedi 14 février, entre son chef Butter Métayer et l ‘ex-commissaire de police, Guy Philippe, accompagné de Louis Jodel Chamblain , l’ ancien numéro 2 de l’organisation para-militaire FRAPH, tous deux (2) en provenance de la République Dominicaine. Après avoir été reçus à Raboteau par Butter Métayer , ils ont déclaré leur intention de reprendre Saint Marc avant de marcher sur Port-au-Prince. Au micro d’un journaliste de Signal FM présent aux Gonaïves , Guy Philippe a affirmé qu’il est entré avec« deux camions d’armes et d’hommes ». Louis Jodel Chamblain a renchéri que « s’il faut faire sauter le palais national , on le fera sauter et on en reconstruira un autre ». Des journalistes étrangers affirment avoir aperçu Chamblain en compagnie d’une vingtaine d’hommes en armes et en tenue de camouflage. Le journaliste de Signal FM confirme avoir vu un arsenal assez impressionnant dans la Cité de l’Indépendance. Selon certaines informations , Guy Philippe aurait installé sa base à Saint Michel de l’attalaye , une localité du Haut Artibonite . Non loin de là , les insurgés occupent depuis vendredi Sainte Suzanne , dans le Nord. Même situation dans le Nord-Est à Trou du Nord où un groupe dénommé « Armée Kosovo » a pris en charge la ville. Les communications terrestres sont coupées entre le Nord et le Nord-Est , voisin de la République Dominicaine. Cette situation inquiète le Pouvoir . Le chef a.i. du parti Fanmi Lavalas , Jonas Petit, a déclaré à l’AFP que le pays vit » une situation effervescente au plus haut point ». Le dirigeant Lavalas soutient que les « sanctions économiques internationales » empêchent au gouvernement d’avoir les moyens de garantir la sécurité du territoire. « Les forces de police, composées de moins de 5.000 hommes sont insuffisantes » … « On ne peut assurer la sécurité dans tout le pays et la priorité a été donnée à Port-au-Prince ». Jonas Petit s’en prend à l’Opposition politique qui réclame le départ du Président Jean Bertrand Aristide et conclut son interview avec l’AFP en soulignant que « personne ne pourrait arrêter une colonne de 500 hommes bien armés ». L’Opposition politique représentée par la Plate-forme Démocratique exprime également des appréhensions face à la tournure des évènements. Tout en déclarant son soutien à la population du Nord du pays qui réclame le départ de M.Aristide , le coordonnateur du Groupe des 184 , André Apaid Junior, a pris ses distances avec le mouvement armé des Gonaïves. Il rappelle le caractère pacifique de la mobilisation anti-Lavalas et indique que l’approche de Louis-Jodel Chamblain est « une vision du passé ». Vendredi , à l’issue d’une réunion à Washington avec les représentants de l’OEA, de la CARICOM et du Canada, le secrétaire d’Etat américain , Colin Powell , s’est dit opposé à tout « départ forcé ou illégal » du président haïtien. Le ministre canadien des Affaires Etrangères , Bill Graham, devait déclarer plus tard sur Radio-Canada que « si le président Aristide démissionnait, il considèrerait cette décision comme une solution constitutionnelle ». Rappelant que les Etats-Unis étaient en faveur d’une « solution politique , démocratique et constitutionnelle », M. Powell a indiqué que la communauté internationale ne comptait pas déployer une force de police en Haïti. Colin Powell avait ajouté qu’une quantité « modeste » de policiers pourrait être déployée à la demande des parties en conflit suite à un compromis.
Alliance entre le Front anti-Aristide et les hommes de l’ex- commissaire Guy Philippe . Un tournant ?
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