
Le président Martelly invite le peuple à « se garder d’adopter une attitude d’attentiste » et de se remettre à cultiver la terre. C’est le moins que l’on puisse en dire. Pour le peuple, après s’être longtemps laissé conter fleurette, ç’aurait pu être pire. C’est du moins l’avis des observateurs. C’est pendant qu’il effectuait une tournée dans le sud, en compagnie du commandant général du Commandement Sud des Forces armées des États-Unis – la SOUTHCOM, qu’il a eu également à prononcer ces mots, autrement énigmatiques : »Le gouvernement [haïtien] a réalisé tant de travaux dans le pays, que l’État n’a aujourd’hui plus un sou ».Et d’enchainer – encore plus énigmatique – puisque se voulant plus explicite : « Les richesses d’Haïti n’ont jamais provenu de l’étranger, notre richesse c’est la terre, il faut changer d’attitude, il faut cultiver la terre ».Une pénible impression de déjà entendu. Pour le confrère qui en fait état, « le président Martelly reconnait qu’après ses trois ans au pouvoir, les conditions de vie de la population n’ont pas vraiment changé ».Et pour celui qui admet « ne pas détenir une baguette magique » [..] et ne pas être [ne plus être ?!] « le sauveur du pays », la solution est toute trouvée : « le peuple haïtien [doit] changer d’attitude en se gardant d’adopter une attitude d’attentiste ».Surprenant, non ?! Voilà un citoyen élu à la présidence de la République, qui a juré de tout faire pour que le peuple accède au bonheur, qui a tout fait et tout dit pour que le « peuple » se vautre dans l’attentisme et qui se retrouve aujourd’hui à l’accuser « d’attentiste ». L’attentisme est une « pratique politique ou syndicale ou (une) attitude individuelle qui consiste à refuser l’initiative et à se déterminer suivant les circonstances ».Certains chefs d’État cultivent, par tous les moyens, l’attentisme chez leurs mandants, une façon – soulignent les experts – d’éviter « l’impatience révolutionnaire » et de prétendre présenter tout palliatif enrobé de sucre comme LA solution idéale.Un peuple « attentiste » est par définition un peuple qui s’en laisse conter. Aussi bien avant, pendant et après les élections. Mais qui a dit que c’était mal de se laisser conter fleurette ? Comme disait l’autre. » les différents membres d’un peuple jurent contre leurs chefs mais ne font rien pour remédier à leurs problèmes ». »Ils se sentent concernés par la critique mais n’y attachent de l’intérêt que durant une période très limitée car ils sont vite rattrapés par leurs lucarnes.L’attentisme, c’est également « une attitude ou une politique consistant à différer une décision jusqu’à ce que la situation se précise ». Dans le contexte actuel, le mot du président est risqué puisqu’il pourrait faire avancer le moment où il faudra bien que la situation se précise. Aussi bien sociale qu’économique. Et quelle décision, dans ces conditions, ne fera-t-on plus différer ?! Une question à laquelle certains partis de l’opposition jusqu’au-boutiste ont su apporter une réponse des plus concrètes. Mais ça, c’est une autre histoire. Alors, bon retour sur le plancher des vaches. HA/radio Métropole Haïti