Ce qu’il y a derrière l’avertissement adressé par Luis Abinader aux gangs haïtiens

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Jeudi dernier, durant l’émission « Matinal » de Telemicro 5, le président dominicain Luis Abinader a adressé un message clair aux gangs haïtiens :

« Je vous conseille de ne pas franchir la frontière. Nous savons qui vous êtes et la police dominicaine est efficace. »

Une occasion pour lui d’exprimer aussi sa volonté de hâter la construction de la barrière qui marquera la frontière entre son pays et Haïti, sur le modèle du mur érigé entre les Etats unis et le Mexique.

C’est le signe que les autorités dominicaines prennent la situation sécuritaire haïtienne très au sérieux selon Edwin Paraison. Directeur exécutif de la Fondation Zilè, un organisme binational spécialisé dans les relations entre les deux pays, il a rappelé ce lundi, sur les ondes de Radio Métropole, que le président dominicain est particulièrement attentif au développement de la criminalité transfrontalière et des réseaux de trafic d’armes.

Le chef de l’état dominicain a clairement adressé la semaine dernière, un avertissement au chef de gangs armés qui sèment le trouble  en Haïti, estime l’ancien ministres des Haïtiens vivants à l’étranger.

Mais l’allusion au mur en construction à la frontière entre les deux pays pourrait aussi laisser supposer que le thème « haïtien » est utilisé une fois de plus, à des fins populistes dans le débat politique dominicain. Ce que monsieur Paraison juge improbable :

« Luis Abinader reste très populaire en populaire en république voisine, un an après son élection. L’avertissement adressé aux chefs de gang haïtiens est valable et n’est pas une tentative du président dominicain pour détourner l’attention de l’opinion dominicaine, des problèmes domestiques. »

L’analyse du directeur exécutif de la fondation Zilè rejoint celle du correspondant permanent de Radio Métropole sur place. Selon Jean  Michel Caroit, l’avertissement adressé par Luis Abinader aux chefs de bandes haïtiens est le signe d’une inquiétude réelle des autorités dominicaine, qui ne cesse de s’accentuer depuis l’assassinat de Jovenel Moïse.

« Tout en tentant de rassurer son opinion publique, le président Abinader a aussi coupé l’herbe sous le pied des ultranationalistes de son pays. » explique-t-il.

Alors qu’une possible intervention en Haïti, des forces de l’ordre de la république voisine était envisagée en février 2021, lorsque deux citoyens dominicains ont été kidnappés; actuellement, il n’en est pas question affirme toutefois notre correspondant. Aucune rumeur en ce sens n’a filtré dans la presse dominicaine, tout du moins.

AL/Radio Métropole

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