Dialogue inter haïtien ou dialogue national ? Les pourparlers entre les pouvoirs exécutif, législatif et les partis politiques, officiellement lancés ce vendredi 24 janvier sous la médiation de la conférence épiscopale d’Haïti, ont démarré dans une sorte de valse-hésitation. Où veut-on vraiment en venir ? Va-t-on circonscrire les échanges à l’actuelle conjoncture politique ou ira-t-on au plus profond comme le suggère l’Organisation du Peuple en Lutte (OPL) avec sa proposition de refondation de la République ? Certains secteurs affichent leur scepticisme, d’autres crient à l’exclusion, comme le secteur associatif de la société civile régulièrement mis de coté par les autorités ou confiné dans un rôle ingrat d’observateur passif, bâillonné, impuissant. C’est sans doute ce qui explique l’absence de thématiques liées à la situation socio-économique et l’aggravation de la pauvreté sévère, malgré les notes positives de l’Observatoire nationale de la pauvreté et de l’exclusion sociale (ONPES) et les tentatives – infructueuses – d’élaboration d’une véritable stratégie de lutte conte la pauvreté, une stratégie qui n’omet pas la nécessaire approche systémique, structurante, ainsi que les actions de développement durable impliquant toutes les parties prenantes. Le secteur civil, vigilant à souhait, s’organise malgré tout et exprime son dynamisme. Les enseignants du secteur public en grève illimitée et les lycéens engagés dans un bras de fer avec le gouvernement ont réussi à arracher un protocole d’entente paraphé par la Commission Ad hoc mise en place par le gouvernement et la Plateforme des syndicats d’enseignants. L’on semble vouloir calmer le jeu, mais. L’organisation d’un Atelier binational des organisations des sociétés civiles haïtienne et dominicaine autour du thème « Les dynamiques migratoires de l’île et les stratégies d’adaptation appropriées » survient, par ailleurs, à un moment où il est plus que nécessaire d’en débattre. L’assassinat suivi de la mutilation des cadavres de deux ressortissants haïtiens dans le nord de la République Dominicaine souligne une fois de plus la montée de la haine en territoire voisin et l’incapacité du gouvernement haïtien à réagir rapidement et de manière responsable dans un dossier qui avait pourtant été l’objet d’une gestion relativement intelligente. Les autorités dominicaines ont beau décidé l’arrêt – provisoire – des déportations, la méfiance est de rigueur au sein d’une société civile qui par ailleurs se demande, si les mesures appropriées de dotation des travailleurs migrants de documents d’identité et de voyage seront finalement annoncées par le gouvernement haïtien.La publication de la loi sur le fonctionnement des partis politiques, la réforme – longtemps – annoncée de l’administration publique haïtienne, la rencontre entre le Premier Ministre et le haut État-major de la MINUSTAH autour d’un cadre de « coopération » pour 2014, ainsi que la participation du Premier ministre au Forum de Davos, sont autant de sujets que la crise politique semble vouloir occulter. Et pourtant il y a péril en la demeure : un haut responsable de l’ONU, Pedro Medrano, a indiqué que l’épidémie de choléra en Haïti risque d’empirer et de gagner d’autres pays de la région si on ne réunit pas des fonds supplémentaires avant la prochaine saison pluvieuse. La terre continue de trembler, nous rappelant à nos devoirs et nos changements de comportements. Le directeur de l’Unité technique de sismologie (UTS), l’ingénieur géologue Claude Prépetit, continue sa croisade contre vents et marées et la publication prochaine des résultats des travaux de micro zonage dans la conurbation de Port-au-Prince viendra, peut-être nous réconcilier avec les pratiques d’aménagement du territoire. La saga des boat-people haïtiens suscite des réactions pas toujours appropriées. L’on apprend que les autorités de l’État brésilien d’Acre (Nord) ont réclamé du gouvernement central la fermeture temporaire de la frontière du Brésil avec le Pérou, suite à l’augmentation du nombre d’immigrants haïtiens qui entrent quotidiennement dans ce pays. Le 4e forum des directeurs généraux de l’administration publique s’est tenu ce mercredi à l’hôtel Karibe, à l’initiative de l’Office de Management et des Ressources Humaines (OMRH ) et a planché sur un projet de réforme de l’administration publique haïtienne dont on attend d’analyser les grandes lignes. Dans le Nord-est, un mouvement revendicatif prend de plus en plus de l’ampleur pour exiger un meilleur approvisionnement en électricité et compte 6 blessés par balles. Des dizaines de blessés et deux morts ont été enregistrés également au cours de la première journée de l’exercice pré-carnavalesque alors que des dirigeants de l’Université d’État d’Haïti sont séquestrés à Limonade par des étudiants en colère. Et puis, une note d’espoir dans ce pays où seul le culturel se porte bien : la Guyane anglaise et Haïti semblent vouloir se constituer en moteurs de la croissance économique des pays de l’Amérique latine et des Caraïbes, selon le rapport annuel de l’Organisation des Nations Unies sur la situation économique mondiale et ses perspectives pour 2014. Touchons du bois et croisons les doigts. HA/radio Métropole Haïti
Comprendre les faits d’actualités : une mise en cohérence de l’information conjoncturelle
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