À la veille de l’ouverture à Montréal de la Conférence internationale sur Haïti( 16-17 juin 2005), le ministre des Affaires étrangères, Pierre Pettigrew, lance un appel aux pays qui se sont engagés à appuyer financièrement des projets de reconstruction à mettre de côté les «lourdeurs administratives» et à verser les montants promis plus rapidement. Cet argent est nécessaire pour que les 380 projets concrets de reconstruction puissent prendre leur envol et redonner espoir au peuple haïtien en améliorant leurs conditions de vie, a expliqué le ministre Pettigrew. «La lenteur de la communauté internationale à honorer les engagements pris à Washington, il y a un an envers l’avenir d’Haïti menace le processus démocratique, un processus crucial», a déclaré le ministre devant un comité de la Chambre des communes, mardi. «Les lourdeurs administratives sont injustifiées, ces gens ne peuvent plus attendre», a-t-il poursuivi. Fier des résultats du Canada, M. Pettigrew ne se gêne pas pour indiquer que le gouvernement canadien a déjà versé 100 des 180 millions $ promis sur deux ans, excédant même le montant prévu pour la première année. En juillet 2004, à la Conférence des pays donateurs à Washington, les pays s’étaient engagés à verser 663 millions $ de dons en deux ans à Haïti. Entre autres, l’Union européenne avait promis 288 millions $, les États-Unis 207 millions, la France 34 millions et l’Allemagne 5 millions. Questionné par les journalistes, le ministre des Affaires étrangères n’a pas voulu nommer les pays récalcitrants. «Je ne veux pas les nommer aujourd’hui parce que peut-être que, d’ici deux ou trois jours, la pression de notre rencontre de Montréal va les amener à assumer leurs responsabilités et à respecter les engagements pour lesquels ils se sont déjà commis.» La conférence internationale de Montréal sur Haïti, qui s’ouvrira jeudi, permettra aussi de faire le point sur la situation qui prévaut dans le pays en crise, de discuter des élections à venir à l’automne et des moyens de mieux instaurer un climat de sécurité. Le conseiller spécial du premier ministre pour Haïti, Denis Coderre, dit vouloir atteindre des «gestes concrets» lors de la rencontre. «Il y a des gestes que le gouvernement haïtien va nous demander à la conférence de Montréal, a souligné M. Coderre. Le premier c’est l’électrification (…), la deuxième c’est la préparation de la rentrée scolaire (…), et le dernier point c’est une stratégie urbaine sur Cité Soleil.» Cité Soleil est l’un des quartiers les plus pauvres de la capitale haïtienne, Port-au-Prince, où les actes de violences sont plus fréquents qu’ailleurs au pays. «La sécurité demeure un défi important» dans ce secteur du pays, a admis le ministre Pettigrew. La députée du Bloc québécois, Francine Lalonde, espère elle aussi que la conférence donnera des résultats concrets et que la communauté internationale «mette la main dans sa poche» au lieu de faire miroiter des projets qu’elle tarde à financer. Mme Lalonde a également souligné à M. Pettigrew que «le désarmement (des rebelles) est une précondition pour tout le reste» et que, en ce sens, il était crucial que le Conseil de sécurité des Nations unies élargisse le mandat de la Mission de stabilisation des Nations unies à Haïti (Minustah). Le renouvellement du mandat de la Minustah doit être débattu au Conseil de sécurité le 24 juin prochain. Bien qu’il ne siège pas au sein de ce groupe restreint, le Canada a déjà indiqué qu’il privilégiait «un mandat renforcé par le nombre des gens et l’incitation de jouer un rôle actif à travers le territoire», a expliqué le ministre Pettigrew. À l’heure actuelle, la mission internationale sous l’égide de l’ONU compte 6200 militaires en provenance de divers pays et 1300 policiers. De ce nombre de policiers, 100 proviennent du Canada.Source : Presse Canadienne
Conférence de Montréal: Pettigrew presse les pays de respecter rapidement leurs promesses à Haïti
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