Contexte d’une interpellation annoncée

L’interpellation des ministres des Affaires étrangères, de la Justice, de l’Intérieur et des Collectivités territoriales le mardi 5 novembre 2013 est la prochaine étape d’une stratégie de l’opposition visant le renvoi du gouvernement du Premier Ministre Laurent Salvador Lamothe à un moment où le gouvernement haïtien est fortement sollicité par la conjoncture internationale.La menace dominicaine de refouler plus de 300.000 apatrides à la frontière terrestre commune [d’environ 388 km de longueur] constitue l’épreuve la plus sérieuse affectant les relations haitiano-dominicaines depuis 1937.En dépit de la réprobation unanime soulevée sur le plan international par la décision de la Cour constitutionnelle dominicaine de rendre apatrides près de quatre générations de Dominicains d’origine étrangère nés sur le territoire dominicain à partir de 1929, les autorités dominicaines avaient ordonné la semaine dernière l’exécution de la résolution 168-13 justifiant le démarrage du processus d’épuration du Registre d’état civil dominicain. Les deux pays ont envoyé chacun une imposante délégationqui participe depuis ce mardi matin à la session ordinaire de l’OEA convoquée pour ce mardi 29 octobre 2013 par le Secrétaire du Conseil Permanent de l’Organisation des Etats Américains (OEA). Haïti s’y est fait pour sa part représentée par une délégation conduite par l’ex-ambassadeur en République dominicaine Guy Alexandre. La dénationalisation d’un nombre élevé de citoyens dominicains descendants d’étrangers, principalement de parents haïtiens, et nés au pays entre 1929 et 2013 est l’un des points de l’agenda de la session relatif à la sentence du Tribunal Constitutionnel dominicain de septembre dernier. Ce point a été inséré dans l’agenda de la rencontre sur demande de la représentante permanente de l’Etat caribéen de St Vincent et Grenadines à l’OEA , l’ambassadrice Celia A. Prince. Cette interpellation des ministres Pierre Richard Casimir (Chancellerie), Jean Rennel Sanon (Justice) et David Bazile (Intérieur) est le fruit d’un compromis trouvé vendredi dernier entre sénateurs pro-gouvernementaux et de l’opposition, mais elle intervient, de l’avis des observateurs, dans le cadre « d’un momentum défavorable à toute entreprise de déstabilisation de l’Exécutif ». « Nous sommes en train de chercher une harmonisation pour le renvoi du gouvernement dans son ensemble », a admis le sénateur du Nord-est Jean-Baptiste Bien-Aimé qui a confirmé le dépôt d’une lettre d’interpellation au Bureau du Sénat  » conformément aux prérogatives que confèrent les articles 129.2, 129.3 et 129.4 de la Constitution de 1987 amendée ». La décision d’interpellation aurait été appuyée par les huit sénateurs du minoritaire pro gouvernemental. Le leader du bloc, Wencesslass Lambert, confirme que les 8 membres du bloc ont paraphé la motion d’interpellation. Ibloc minoritaire pro gouvernemental qui compte les sénateurs Wencesslass Lambert, Edwin Zeny, Hypolithe Melius, Lucas Saint Vil, Derex Pierre Louis, Willy Jean Baptiste, Maxime Roumer et Fritz Carlos Lebon. Au moins 16 sénateurs sur 19, le président ne vote pas, doivent voter en faveur de la motion de censure pour provoquer le renvoi d’un ministre. Le Premier Ministre doit obtenir le support de 4 sénateurs pour sauver la tête de ces trois ministres. Le massacre des Haïtiens de 1937, aussi connu sous le nom de massacre du Persil, est un ensemble de meurtres perpétrés en octobre 1937 après la décision du président de la République dominicaine, Rafael Leónidas Trujillo Molina, d’éliminer physiquement les Haïtiens travaillant dans les plantations du pays. Ce massacre connu aussi sous le nom de est surnommé Kouto-a (« le couteau ») par les Haïtiens et El Corte (« la coupe ») . Il se déroula principalement le long de la rive dominicaine de la rivière Dajabon qui marque le tracé septentrional de la frontière entre les deux pays. De l’ordre de 20 000 Haïtiens, hommes, femmes et enfants, furent tués. HA/Radio Métropole Haïti Credit photo Worldpress.com

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