Coronavirus, insécurité et protestations : referendum tèt dwat

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La situation est grave, c’est en ces termes que le ministre de la culture s’est exprimé sur Métropole mardi matin pour parler du Coronavirus. Quelques heures plus tard, c’est ce même Pradel Henriquez qui va annoncer la création du centre d’informations permanentes sur le referendum et les élections. Alors que sur Facebook, le chef de l’état confirmait la déclaration de l’état d’urgence décrété pour 15 jours, deux ministres de son administration précisaient de leur côté que la date du 27 juin était maintenue pour le referendum, un évènement qui doit ou qui devrait provoquer des rassemblements. Si en 2020, le gouvernement avait lancé le CIPC, le centre d’informations permanentes sur le coronavirus, en 2021, alors que le Covid se fait plus menaçant, l’exécutif a opté pour le CIPRÉ, l’espace est désormais dédié aux informations liées au referendum et aux élections. Entretemps, le Coronavirus prend sa vitesse de croisière, le pays enregistre plus de 200 cas en 24h et 5 décès en moyenne par jour.

Le Coronavirus n’est pas le seul obstacle à la tenue du referendum du 27 Juin. Les appels au boycott se multiplient et les menaces deviennent pesantes. Mardi, le conseil électoral provisoire a exprimé ses vives préoccupations ; la journée du scrutin risque d’être perturbée craint le CEP qui a dû appeler les forces de sécurités du pays à jouer leur partition. Les inquiétudes de l’institution électorales      pourraient trouver leur justification dans tout ce qui se passe a travers le pays ou à l’extérieur depuis quelques temps concernant le processus référendaire. Combien de fois des séances de consultations ont été perturbées, des membres ou délégués du CEP molestés par des individus qui se positionnent contre le referendum. N’a-t-on pas vu les images d’hommes et de femmes armés de machettes qui se préparaient à faire échec à la journée du 27 juin ? Plus près de nous, le ministre de la Justice Rockfeller Vincent, n’a-t-il pas failli laisser sa peau à Jacmel face à un groupe de protestataires anti-referendum ? Les menaces sont évidentes et viennent de toutes part ; l’institution électorale a dû relocaliser une dizaine de centres de vote qu’elle n’a pas pu évaluer à cause de l’insécurité qui règne dans leur zone respective d’emplacement.

Entretemps, des voix continuent de s’élever pour appeler le président à revenir sur sa décision de doter le pays d’une nouvelle constitution. Leaders de partis politiques, ancien président, structure religieuse et de la société civile organisée, les prises de position se multiplient. Jocelerme Privert, prédécesseur de Jovenel Moise présente le processus référendaire comme une menace pour la démocratie ; une initiative personnelle du chef de l’état au profit de sa personne et de son clan. L’église catholique de son côté décrit le referendum comme un fardeau pour le peuple haïtien qui va ralentir ou même bloquer sa marche vers son plein épanouissement. La conférence des évêques estime que le contexte de méfiance, de division et de violences de toutes sortes dans lequel le pays évolue actuellement n’est pas favorable à un changement de constitution. C’est aussi la réflexion produite par le collectif du 4 décembre qui appelle le président Jovenel Moise à éviter au pays les conséquences apocalyptiques irréparables que le referendum peut avoir.

Comme un défi qu’il veut relever, le président Jovenel Moise avance « tèt Dwat » dans son projet de referendum. Fort de ses précédentes victoires, le chef de l’état n’entend pas capituler même si des doutes planent sur l’avenir de la nouvelle constitution si elle venait à être adoptée le 27 juin.

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