Emotion en Haïti après la mort du correspondant de l’AFP

301

Le décès de Dominique Levanti, correspondant en Haïti de l’Agence France-Presse depuis 34 ans, a suscité de multiples hommages de la classe politique et des médias haïtiens qui mettent en avant, mardi ( 24 mai 2005), son professionnalisme et sa générosité. « Il faisait partie de notre paysage » et « le monde journalistique haïtien est en deuil », souligne le quotidien Le Nouvelliste, le journal le plus ancien d’Haïti qui annonce en Une mardi, la mort samedi de « Dodo » à 64 ans des suites d’une longue maladie. « Dominique était un bon ami, franc, droit et sincère. Il aimait passionnément la vie, les discussions passionnées, la nage, la mer, la pêche et la bonne cuisine », ajoute Georges Michel, journaliste-historien au Nouvelliste. Dans le quotidien Le Matin, également en Une, l’hommage note qu’il aura passé plus de la moitié de sa vie en Haïti. Sur les radios haïtiennes, de nombreux journalistes sont intervenus pour souligner qu’ils voyaient en lui « un Haïtien de coeur, un journaliste professionnel et intègre » qui a « contribué à la formation de nombreuses générations de journalistes haïtiens ». Pour sa part, le président directeur général de l’AFP Bertrand Eveno a rendu hommage dans un communiqué au travail de Levanti dans des conditions difficiles pendant de si longues années en Haïti. « Dominique Levanti, était d’abord un amoureux d’Haïti. C’était aussi un exemple de journalisme courageux et de sang froid travaillant souvent dans des situations complexes, parfois dangereuses « , a commenté M. Eveno.  » Généreux et chaleureux, nous savons qu’il était apprécié aussi en HaÏti pour avoir formé des générations de journalistes en prônant, en toute occasion, modération et objectivité « , a ajouté le pdg de l’AFP. Dominique Levanti avait découvert Haïti au début des années 70. Il avait d’abord travaillé d’abord pour la radio haïtienne, Radio Métropole, peu après être tombé amoureux de ce pays. Il avait débuté pour l’AFP comme pigiste en 1971 avant d’en devenir le correspondant permanent en 1979. Lundi, le Premier ministre haïtien Gérard Latortue, a relevé que « Dodo » était « un vrai ami du pays » et que sa disparition était considérée comme une « perte » pour Haïti. De nombreux chefs de partis de toutes tendances ont aussi rendu hommage à son travail de journaliste. En Haïti, Dominique Levanti a aussi beaucoup contribué à la promotion du tourisme avant que le pays ne s’enfonce à la fin des années 80 dans une série de crises. Il a multiplié les initiatives, contribuant à la construction d’une route, à la création d’une école ou d’un restaurant, quand il ne payait pas directement la scolarité d’enfants. Né en Corse, Dominique avait un caractère bien trempé, tiré probablement d’une expérience à la Légion étrangère auprès de laquelle il s’était engagé pour cinq ans au début des années 60. Ses appels téléphoniques au bureau de Washington dont il dépendait, s’achevaient inévitablement par l’exclamation: « à la lutte vieux frère, à la lutte! » Ses obsèques seront célébrées vendredi après-midi dans la cathédrale Saint-Jacques et Saint-Philippe à Jacmel (sud) en présence de représentants du gouvernement, de membres de la presse et de diplomates dont l’ambassadeur français en Haïti Thierry Burckard. Il sera ensuite enterré dans l’intimité familiale. Dominique Levanti avait épousé une Haïtienne, Anne, et le couple avait une fille, Cardelina. AFP, Port-au-Prince.

Publicité