François Hollande approuve l’élection de Dany Laferrière à l’Académie française

Accompagné de la secrétaire perpétuelle de l’Académie française, Hélène Carrère d’Encausse, Dany Laferrière s’est entretenu ce vendredi 14 février, à l’Elysée, avec le chef de l’Etat français, François Hollande, qui agit à titre de « protecteur » de l’académie. Dany Laferrière a profité de la rencontre pour inviter la France à s’engager davantage en Haïti, notamment dans le secteur culturel. « On a parlé d’Haïti longuement (…) Pour Haïti, on a parlé d’une grande bibliothèque », a confié Dany Laferrière après la rencontre, ajoutant qu’il « voudrait une présence plus solide de la France en Haïti» Avec 13 voix sur 23, Dany Laferrière a été élu le 12 décembre dernier, à l’académie française, devenant ainsi deuxième écrivain d’origine haïtienne derrière Alexandre Dumas Fils, et deuxième écrivain noir après Léopold S. Senghor à siéger à cette illustre assemblée où des écrivains comme Flaubert, Stendhal, Zola ou Proust ont raté leur coup. Il y siégera le fauteuil du baron de la Brède Montesquieu et d’Alexandre Dumas-Fils, l’originaire de Jérémie. L’académie française est vielle de plus de trois siècles. Fondée par le cardinal Richelieu en 1635, sous le règne de Louis XIII, sa mission est de fixer des règles afin de rendre la langue française claire et compréhensible de tous. Son premier objectif a été de créer un dictionnaire et de définir une langue standard officielle pour tous. Elle a un pouvoir moral sur la langue française. L’académie décide du bon usage des mots, de l’enrichissement de la langue française et en ce sens, de trouver des mots français pour faire face à l’impérialisme culturel anglo-saxons et aux mots étrangers. Dany Laferrière entend collaborer à cette noble mission de l’académie dans les limites prescrites par cette institution qui par ailleurs « en perte de reconnaissance, et même souvent qualifiée de sclérosée.» « Je n’ai pas du tout l’intention de chambouler les habitudes de l’Académie », a-t-il précisé lors d’une interview accordée a RDI. Lors de cette même interview, il a insisté avec simplicité sur le fait que « Ce n’est pas tant l’écrivain qui est immortel que la langue […], les écrivains de l’Académie se passent la langue comme un témoin. » Mais pour que l’élection de Laferrière devienne définitive, elle doit être approuvée par le chef de l’Etat, protecteur de l’académie. Cette rencontre est une étape parmi d’autres que Dany Laferrière devra franchir pour siéger aux cotés des immortels. Il devra faire confectionner l’habit vert – embelli d’un bonnet, d’une cape et d’une épée. Au cours d’une cérémonie à huis clos, il sera installé et prononcé son discours de nouvel immortel au printemps 2015. Déposera-t-il le pyjama pour l’habit vert ? En tout cas, sa place au rang des immortels l’exige. Après son installation, il devra participer à la réunion du jeudi, sous la Coupole historique, en vue de débattre sur la langue, de discuter du Dictionnaire, de brandir le bonnet, l’épée et l’habit vert des Immortels, de consulter, en cas de nécessité, les collègues des académies des beaux-arts, des belles-lettres, des sciences, des sciences morales et politiques. Il succède à l’argentin Hector Bianciotti, décédé le 12 juin 2012 à Paris à 82 ans. Désormais, l’on peut se permettre de dire, sans violer le code noir, que « Diderot est noir et il écrit en français. » MJ/Radio Métropole

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