Fusillade près du Palais présidentiel lors d’une visite de Colin Powell à Port-au-Prince

Une intense fusillade s’est produite mercredi matin aux abords du Palais national, siège de la présidence haïtienne, où le secrétaire d’Etat américain Colin Powell s’entretenait avec le Premier ministre haïtien Gérard Latortue. Selon des sources hospitalières, au moins quatre personnes ont été blessées par balles lors des échanges de tirs. Parmi ces blessés figurent deux lycéens et un médecin, selon les mêmes sources. »Le secrétaire d’Etat et sa délégation sont saufs mais les entretiens vont être déplacées à un autre endroit », a déclaré à l’AFP un haut responsable américain sous couvert de l’anonymat à Washington. Selon des membres de la sécurité du Palais, des inconnus circulant à bord d’une voiture, présumés être des partisans du président déchu Jean Bertrand Aristide, ont ouvert le feu en direction de la présidence, entraînant une riposte des Casques bleus de la Mission de stabilisation des Nations unies en Haïti (Minustah).Des gardes ont échangé des tirs avec des tireurs présents à l’extérieur du périmètre » du Palais, a précisé le responsable américain.Après la fusillade, des coups de feu sporadiques ont continué à être entendus par les journalistes présents au Palais pendant une demi-heure avant de cesser complètement. Des Casques bleus ont bouclé le quartier et contrôlaient la situation mercredi en milieu de journée, selon le porte-parole de la Minustah, Damien Cardona.Colin Powell, qui doit prochainement quitter le département d’Etat, était arrivé à 14h30 GMT en hélicoptère au siège de la présidence haïtienne où il devait à l’origine passer l’essentiel de la journée. Lors de sa brève visite, il s’est entretenu avec le président provisoire haïtien Alexandre Boniface et des responsables du secteur privé et de la société civile.Le chef de la diplomatie américaine devait aussi visiter un centre de soin contre le sida financé par les Etats-Unis, à l’occasion de la Journée mondiale mercredi de lutte contre cette pandémie.Cette visite, la deuxième de Colin Powell depuis le départ d’Haïti d’Aristide le 29 février, survient dans un pays toujours secoué par des violences sporadiques qui ont fait environ 150 morts ces deux derniers mois, selon un bilan des organisations de défense des droits de l’Homme. La précarité de la situation préoccupe la communauté internationale, dont les Etats-Unis, le Canada et la France qui se sont engagés militairement lors du départ de Jean Bertrand Aristide ainsi que les Etats latino-américains qui composent l’essentiel de la Minustah, dirigée par un général brésilien.Cette inquiétude est d’autant plus vive que les Casques bleus font l’objet de critiques des milieux politiques haïtiens et de la population, exaspérés par la répétition des violences. A sa décharge, la mission de l’Onu ne peut s’appuyer que sur un peu plus de la moitié des 6.700 soldats prévus à sa création.Fin août, une visite en Haïti du secrétaire d’Etat français aux Affaires étrangères, Renaud Muselier, avait aussi été marquée par une fusillade de près de deux heures qui avait obligé le responsable à quitter sous escorte militaire un hôpital qu’il visitait à Port-au-Prince.Dans la capitale, le scénario des incidents est souvent identique. Dans des quartiers ciblés de Port-au-Prince, les assaillants arrivent par surprise, brûlent des véhicules, rançonnent et tuent passants et commerçants avant de s’évanouir avec leur butin.Les policiers épaulés par la Minustah arrivent pratiquement toujours avec retard sur les lieux, ce qui renforce le sentiment d’impuissance de la population.

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