LE PAYS VEUT UNE RÉVOLUTION SOCIALE

Haïti : 130 Ans de Déclin et d’Aveu d’Échec
Haïti : 130 Ans de Déclin et d’Aveu d’Échec

JOSEPH JUSTIN (1895)

Vous le savez, sans de bonnes mœurs publiques, pas de liberté possible, pas de société possible. « Avec des mœurs publiques honnêtes et civiles, dit un penseur, il n’est si mauvaise loi dont on ne puisse tirer bon parti. Avec des mœurs publiques corrompues ou chancelantes, il n’est loi si bonne dont on ne puisse faire mauvais usage. » Vos lois, vos constitutions sont de grandes menteuses. Nous trouvons à la place de la science, de la justice et de la liberté, l’ignorance, l’iniquité et la tyrannie. C’est en vain que nous revendiquons les quatre libertés cardinales: la liberté de la pensée, la liberté de réunion, la liberté d’association et la liberté individuelle.

Pour vous, gouvernants, les hommes qui osent exprimer leur pensée, qui osent donner de bons et utiles conseils sont des ennemis, sont des perturbateurs de l’ordre public. Vous les frappez, ceux-là, fortement, durement. Vous n’admettez pas une politique haute, large, profonde.

L’honnête homme qui est partout ailleurs estimé est pour vous un être nuisible dont il faut se défaire. Le bandit, le criminel, qui est partout exécré est votre idole. Par votre façon de faire, vous faussez l’humanité, vous étouffez le cri de la conscience, vous empêchez l’homme de développer ses facultés. S’il est bon, honnête, vous le rendez méchant, misanthrope.

Non. Haïti n’accomplira jamais ses destinées, elle ne parviendra jamais à atteindre son but, si vous, gouvernants, vous ne comprenez pas la tâche qui vous incombe. Votre immoralité, votre corruption, votre tyrannie empêchent le pays de se gouverner, de s’affirmer.

Entendez-le bien, nous ne voulons plus de révolution par la violence ; mais bien une révolution par la science, par l’équité, par la logique. En un mot, nous voulons une Revolution sociale.

Oui, je maintiens le mot. Le pays veut une révolution sociale, c’est par ce moyen seul qu’il arrivera à éviter les consequences funestes de la crise morale qu’il traverse aujourd’hui.

Regardez autour de vous, les choses ne sont pas égales. L’ouvrier, l’homme du peuple, le prolétaire, les humbles souffrent, gémissent sous le poids de l’impôt, tandis qu’un groupe de gens de mauvais aloi se partagent cyniquement la fortune publique. On élève partout des statues aux débauches, aux vols, aux trahisons et aux lâchetés.

Partout, nous constatons des iniquités sociales. L’immoralité s’étend partout. Les âmes sont asservies. Les cœurs sont corrompus. Notre idéal politique est de faire autant d’argent possible et de venir le dépenser à Paris. Chacun rêve un petit hôtel soit à
Passy, soit à Auteuil. Est-ce que vous pouvez constituer une société, une vraie société morale avec de tels éléments ? Non, c’est impossible.

JOSEPH JUSTIN, Les Relations Extérieures d’Haïti Études Historiques et Diplomatiques (Paris : Albert Savine, 1895). Pages 138-140.

Contexte Historique et Politique

130 ans nous séparent de ce texte de Joseph Justin. Il est encore plus d’actualité aujourd’hui qu’hier. Et il faut oser le dire : PIRE !!!
Haïti, Défis, Résilience ou l’Impensable

Occupation américaine (1915-1934)

19 ans d’une occupation sanglante qui a laissé des traces profondes dans la structure politique et économique du pays. Cette période a été marquée par des réformes imposées, mais aussi par des résistances locales.

Dictature des Duvalier (1957-1986)

29 ans de régime tyrannique sous François « Papa Doc » Duvalier et son fils Jean-Claude « Baby Doc » Duvalier. Cette période a été caractérisée par une répression sanglante et une corruption généralisée, prétendument pour contrer les communistes.

Période de démagogie populiste (1991-2006)

5 ans sous la présidence de Jean-Bertrand Aristide, le défroqué intouchable, marqués par des politiques populistes et un embargo international de 3 ans qui a aggravé la situation économique du pays.

Occupation onusienne (2004-2019)

15 ans de présence des Nations Unies avec un budget de 12 milliards de dollars américains. Malgré les efforts, la stabilité et le développement durable n’ont pas été atteints. Scandales, abus, crise du choléra et corruptions camouflées.

Catastrophes naturelles

Le tremblement de terre de 2010 a été dévastateur, causant des pertes humaines et matérielles considérables. Les efforts de reconstruction ont été lents et inefficaces, malgré 10 milliards de dollars d’aide, dont moins de 10 % ont réellement bénéficié à la population.

Crise politique et sécuritaire

L’assassinat du président en fonction, Jovenel Moïse, en 2021, a plongé le pays dans une crise encore plus profonde. Les luttes de pouvoir et la corruption ont entravé toute tentative de stabilisation.

Carnavals macabres (2011 à nos jours)

Le grand voisin du Nord, qui prétend ne vouloir que notre bien, nous a imposé des guignols et des pantins. Pendant six ans, le principal, le plus abject, a maquillé son mandat de micro-réalisations, tandis que son administration profitait des fonds PetroCaribe, s’élevant à 4 milliards de dollars. Ce guignol a instauré le concept de bandits légaux. Toujours téléguidé par le grand voisin, il a poursuivi avec une série de carnavals des fleurs, suivis du carnaval du fruit, où la banane est devenue encombrante.

Ce même grand voisin nous impose maintenant le carnaval des guignols, des nains, de tout petits êtres médiocres, pathétiques, insignifiants et surtout corrompus, sous un concept de chaises musicales, plongeant toute une nation dans le plus grand désarroi et paralysant une capitale de 4 millions d’habitants. Cela a forcé un million d’entre eux à se déplacer, touchant bien sûr, comme toujours, les plus démunis.

Mais une obsession demeure pour Monsieur LeBlanc, Mister WhiteMan, Señor Blanco : des élections et le changement de notre Constitution.

Petite parenthèse, mais non des moindres…

La production colombienne de cocaïne en 2024 a été estimée à 2 000 tonnes, selon différentes agences internationales. Le prix moyen d’une dose de cocaïne aux États-Unis est d’environ 5 dollars. Le président de ce pays producteur a récemment déclaré, lors d’une visite sur notre sol auprès d’un des guignols, que 25 % de cette drogue transitait par Haïti.
Entre la dîme de transit et le taux de blanchiment par certains acteurs économiques du cirque en place, cela représente des montants considérables. Une part essentielle de notre maigre PNB, juste après les transferts de notre diaspora.
Sortez les calculettes, ça vaut la peine !


Conséquences actuelles

Les défis accumulés au fil des ans ont conduit à une situation critique sans précédent en Haïti :

État en déliquescence

L’administration publique est largement absente et corrompue. L’État de droit est quasi inexistant.

Sécurité et justice

La police est sous-équipée et corrompue. La capitale, Port-au-Prince, est contrôlée à 90 % par des bandits légaux.

Déplacements et exode

Plus d’un million de personnes sont déplacées à l’intérieur de la métropole de Port-au-Prince. L’aéroport international est coupé du monde depuis 8 mois.

Santé et éducation

Le système de santé est inadéquat et souffre d’une carence généralisée.

L’éducation est en lambeaux, les centres académiques ont été saccagés.

Économie et agriculture

Le secteur agricole est en crise et non assisté.

Le chômage est massif. La fuite des cerveaux touche tous les secteurs.

La classe moyenne est détruite.

Des taux alarmants de malnutrition : plus de 20 % chez les enfants et 50 % dans la population en général.

Comparaison avec le voisin immédiat

Une étude comparative avec notre voisin direct, la République Dominicaine, serait difficile à accepter, tant les écarts en termes de développement économique et de stabilité politique sont abyssaux.
Alors que la République Dominicaine connaît une croissance économique soutenue et des améliorations dans les infrastructures et les services publics, Haïti reste enlisé dans des crises récurrentes.

Fin de l’histoire

Alors, quand allons-nous nous poser les vraies questions ? Quelle initiative concrète allons-nous lancer face à cet attentisme macabre et dangereux, où chacun se regarde sans réagir, comme des chiens de faïence ?

Il faut arrêter de se mentir : une période de transition technique d’au moins cinq ans est nécessaire. Toute autre considération n’est qu’une vaste fumisterie.

ALORS ON FAIT QUOI ???
FEA

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