Haïti: Aristide écarte toute démission, Paris suggère l’envoi d’une force

Le président haïtien Jean-Bertrand Aristide a rejeté mardi toute idée de démission avant le terme de son mandat en 2006, alors que la France appelait la communauté internationale à envisager l’envoi en Haïti d’une force de paix multinationale, en dépit de réserves américaines.Sur le terrain, la ville d’Hinche (87.000 habitants) dans le centre, cible la veille d’une attaque de paramilitaires qui a fait trois morts, était calme et aucun assaillant ni policier n’était visible dans ses rues, a constaté un journaliste de l’AFP. En milieu de journée, des individus continuaient de piller ce qui reste du commissariat local, qui a été incendié. Les policiers de Hinche se sont regroupés dans la localité de Mirebalais, transformée en camp retranché avec de nombreux camions en bloquant les accès.Aucun trouble n’était signalé dans les deux principales villes du pays, Port-au-Prince et Cap Haïtien (nord). Le président Aristide a réaffirmé mardi sa détermination à exercer son mandat jusqu’à son terme en février 2006, en dépit des appels à sa démission de l’opposition. « Je quitterai mon poste le 7 février 2006 », après les cinq ans de mandat présidentiel, a déclaré M. Aristide au quotidien New York Times. Inquiète de la détérioration de la situation, la France, ancienne puissance coloniale, a appelé la communauté internationale à envisager l’envoi en Haïti d’une « force de paix » internationale, une idée rejetée jusqu’à présent par les Etats-Unis. « Beaucoup de pays sont prêts à agir » et ont « les moyens » de le faire », a déclaré à la radio France-Inter le ministre français des Affaires étrangères Dominique de Villepin, en s’interrogeant sur la possibilité de « déployer une force de paix ». « Il n’y a franchement pas d’enthousiasme actuellement pour envoyer des forces militaires ou de police pour réprimer la violence », a réagi à Washington son homologue américain Colin Powell, en appelant à une « solution politique » et en rejetant toute idée de vouloir écarter « par la force » Aristide. Sans se prononcer directement sur la suggestion française, le Premier ministre haïtien Yvon Neptune a souligné mardi la faiblesse des moyens haïtiens pour le maintien de l’ordre. « La force de police est jeune, le nombre de policiers est insuffisant », a-t-il dit en estimant du « devoir de la communauté internationale » de venir en aide à Haïti. La police haïtienne compte moins de 5.000 hommes pour une population de 8,3 millions d’habitants. L’armée a été dissoute en 1995. L’opposition haïtienne est « prête » à étudier les modalités de l’envoi d’une force internationale, a indiqué de son côté le socialiste Micha Gaillard. « Nous accueillons avec satisfaction la position de la France qui montre un intérêt certain pour Haïti », a-t-il ajouté. Selon Colin Powell, la France « veut jouer un rôle » dans la recherche d’une solution à la crise, de même que les pays participant à l’Organisation de la Francophonie. Pour le Canada, prêt seulement à une aide « civile », l’envoi éventuel d’une force internationale de paix doit être conditionné à « l’engagement sincère des Haïtiens » dans une solution pacifique. Les violences ont fait plus de 50 morts en Haïti depuis qu’un groupe armé a pris le contrôle des Gonaïves (nord-ouest), la quatrième ville du pays, le 5 février. A Genève, le Haut commissariat de l’ONU pour les réfugiés a demandé que les pays voisins d’Haïti (République dominicaine, Jamaïque, Bahamas, Cuba et les Etats-Unis) se montrent accueillants en cas d’afflux de demandeurs d’asile haïtiens en raison de la crise actuelle. AFP

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