Haïti, ce cocktail explosif negligé…

7 février c’est dans deux semaines ; depuis quelques temps, c’est le principal sujet dans le débat, mais aussi le sujet principal de préoccupation. Avec une opposition qui réclame le départ du chef de l’état et qui est prête à aller jusqu’à la violence pour l’obtenir ; face à un président qui entend résister par tous les moyens, de sérieuses menaces pèsent sur les prochains jours. Alors que les opposants et le pouvoir en place se disputent un an de mandat, le pays fait face à une série de défis et les citoyens, semblent devoir les affronter seuls.

La tension monte en Haïti, chaque jour apporte son lot de rebondissements. Manifestations, Kidnapping et assassinat se côtoient quotidiennement.

Les enlèvements deviennent plus fréquents et les ravisseurs n’ont presque plus de cibles définie « malfini vole li pa jwenn poul li pran pay ». Devant l’impuissance dont font preuve les autorités face à ce phénomène, depuis quelques jours des mouvements de rues sont organisés pour dire non aux actes de Kidnapping. La fréquence augmente, le nombre de participants également. Aujourd’hui, ce sont des élèves qui donnent le ton, mais pendant combien de temps encore cette initiative restera-t-elle entre les mains de ces jeunes innocents avant d’être récupérée par ceux qui cherchent désespérément une rampe pour propulser la mobilisation antigouvernementale ?

Entretemps, les autorités recyclent les vielles formules : mise en place d’une force opérationnelle pour lutter contre le Kidnapping a annoncé le président Jovenel Moise comme si ce qui n’avait pas donné de résultats hier pourrait miraculeusement marcher aujourd’hui.

Parallèlement au Kidnapping, les cas de meurtre et d’assassinat sont préoccupants. En moins de 72h, 8 personnes ont été blessées par balles et une autre décédée parce que des individus se plaisent à ouvrir le feu sur des véhicules après de simples accidents de circulation. Selon plus d’un, c’est le résultat de l’impunité, disons mieux, du grand désordre qui règne dans le pays. C’est dans ce contexte qu’une adolescente de 16 ans a été tuée lundi à Montrouis. Ce qui a soulevé la colère des habitants qui ont bloqué la route nationale. « Ti bouton se chimen maleng » dit-on.

Alors que les citoyens exigent de la sécurité, la PNH, elle, a d’autres préoccupations : sauver le 07 février. C’est le président lui-même qui lui a assigné cette mission. Jovenel Moise a affirmé lundi avoir passé des instructions à la police et à la justice de protéger les vies et les biens par rapport à tout ce qui peut se passer dans le contexte du 07 février. Une déclaration qui laisse penser qu’on va peut-être vers une confrontation si l’opposition ne renonce pas à sa volonté de faire partir un président doté de tous les pouvoirs « après Dieu » comme il l’avait déclaré.

Comme si le temps s’était arrêté, la politique, notamment la fin du mandat présidentiel est la principale préoccupation de l’opposition et de l’exécutif. Sauf qu’entretemps, certains faits quotidiens se renforcent et constituent un cocktail explosif qui, à n’importe quel moment, peut faire basculer le débat.

Luckner GARRAUD

Journaliste Radio/Télé Métropole

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