Haiti / Droits humains : état des lieux des six premiers mois de 2013

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Pour la section des droits de l’Homme de la Minustah, « les droits humains ne pourront progresser en Haïti que si des avancées concrètes sont mises en oeuvre dans les domaines de la justice et de la sécurité ». Voilà les grandes lignes du premier rapport de l’année de la mission onusienne en Haiti, publié par la section des droits de l’Homme de la Minustah avec le concours du Haut commissariat aux Droits de l’homme de l’ONU en Haïti.Un constat qui ne date pas d’hier, et que constatait déjà le rapporteur spécial de l’ONU pour Haïti, Michel Forst qui a quitté ses fonctions en mars 2013.Ce rapport dresse l’état des lieux des six premiers mois de 2013, alors qu’est arrivé cette semaine en Haïti le nouveau rapporteur spécial de l’ONU, Gustavo Gallon. La Plateforme des Organisations Haïtiennes de Droits Humains (POHDH) dresse elle aussi un bilan inquiétant de la situation des droits humains en Haiti. « Sur les plans Civil et Politique, affirme-telle, la situation des Droits Humains en Haïti est inquiétante. Les libertés publiques sont menacées avec la répression des manifestations contre le pouvoir, qui revendiquent les services sociaux de base.La situation sécuritaire du pays est très précaire, soutient la Plateforme. « Les cas d’enlèvement suivi de séquestration contre rançon, de vols, de viols, sont courants. De plus, de janvier à août 2013, au moins quatre cent quatre vingt trois (483) personnes sont tuées par balles dans le pays, soixante et un (61) à l’arme blanche et quarante-deux (42) autres par lapidation ».La Plateforme identifie l’instabilité politique et la crise socioéconomique qui prévalent dans le pays depuis plus deux (2) décennies comme responsables de la crise structurelle de l’Etat, « un Etat qui ne défend pas sa population ». »Conséquemment, les Haïtiens assistent à une société basée sur la ségrégation économique et inégalitaire, où les habitants de la campagne et des quartiers populaires précaires n’ont pas accès aux services sociaux de base soit, l’Education, la Santé, le Logement, l’Alimentation, l’Electricité, l’Assainissement, etc ».Pour ce qui est de la situation des personnes privées de liberté, la POHDH est formelle : « Le parc carcéral haïtien composé de dix-sept (17) centres de détention connait des problèmes récurrents : Insalubrité, surencombrement des cellules, surpopulation carcérale, portant les détenus à évoluer dans une grande promiscuité, en les exposant aux maladies contagieuses comme la galle, la grattelle, etc. Certains d’entre eux meurent en prison ». »Soixante quinze pour cent (75 %) de la population carcérale sont en attente de jugement, selon la Plateforme. « Cependant, en raison de l’espace carcéral restreint, les rares condamnés ne sont pas séparés des détenus en attente de jugement. Les mineurs se retrouvent dans les mêmes cellules que les adultes ».La POHDH et ses membres, en conclusion, attendent de l’ONU qu’elle porte les dirigeants haïtiens : à organiser de bonnes élections dans le meilleur délai ; à mettre en application la Constitution Haïtienne en respectant tous les principes démocratiques et les valeurs universelles des Droits Humains ; à porter les autorités haïtiennes à mettre en application les engagements pris dans les différents instruments internationaux de droits humains déjà ratifiés ; à renforcer le cadre légal en matière de protection des Droits Humains dans le pays, en ratifiant les conventions suivantes : – La Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants ; – La Convention Internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées ; – La Convention Internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et les membres de leur famille ; – Le statut de Rome établissant la Cour Pénale Internationale ; – La Convention de 1954 relative au statut des apatrides ; – La Convention de 1961 sur la réduction des cas d’apatridie.Les droits de l’homme sont une composante essentielle du mandat de la MINUSTAH. Elle met en œuvre le mandat de la MINUSTAH dans le domaine des droits de l’homme pour soutenir le Gouvernement, les institutions et organisations haïtiennes de défense des droits de l’homme dans leurs efforts de promotion et de défense des droits de l’homme.Il s’agit également de surveiller la situation des droits de l’homme et d’en rendre compte.Comme dans les autres missions de maintien de la paix, la section des droits de l’homme représente également le Haut-commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, la principale entité chargée des droits de l’homme à l’ONU.La section couvre l’ensemble du territoire haïtien à partir de huit bureaux régionaux et de quatre unités basées à Port-au-Prince.Elle travaille à orienter et coordonner la préparation et la réponse humanitaire aux désastres en s’assurant que les droits, la dignité et la sécurité des personnes sont respectés et que les personnes les plus vulnérables (enfants, femmes, personnes âgées, personnes handicapées, personnes vivant dans une situation de pauvreté extrême) ne soient pas discriminées.HA/Radio Metropole Haiti

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