Haïti et ses « petits rien » aux lourdes conséquences

« Rien ne va plus, faites vos jeux » une phrase qu’on entendra uniquement dans les Casinos en Haïti ; mais dans la réalité, c’est une perception de « tout va bien, kitel Mache » qui ponctue le quotidien des citoyens. Les mauvaises décisions des dirigeants tombent rapidement dans l’oubli, les scandales sont vite dissipés même si les conséquences demeurent, l’haïtien s’accommode et vit sa vie.

Vendredi 12 Mars, la police tente une opération à Village de Dieu. Elle est mise en déroute par les bandits. 4 agents sont tués et 8 autres blessés. Il a fallu attendre 24h pour avoir une communication officielle de l’institution policière alors que les images des corps mutilés des policiers faisaient le tour des réseaux sociaux et les rumeurs enflaient. Plus de trois jours après, les parents des victimes espèrent encore une réponse sur la possibilité pour eux de récupérer leurs cadavres. la population attend qu’une responsabilité soit assumée.

Le 04 mars, le premier ministre Joseph Jouthe annonce que les véhicules ne sont plus autorisés à circuler avec des vitres teintés selon une disposition adoptée par le gouvernement. Le 05 Mars, un membre de ce même gouvernement, Reynald Luberice prend position publiquement contre cette mesure. Dans les medias et sur les réseaux sociaux, le secrétaire général du conseil des ministres invite les citoyens à ne pas respecter l’interdiction. Le 10 Mars, le président Jovenel Moise tient un conseil des ministres sur la disposition en question auquel participe les deux concernés ; aujourd’hui, le premier ministre Jouthe, le secrétaire général Luberice sont en poste et la mesure est appliquée, le sujet est clos.Le premier mars 2018, le gouvernement de Jack Guy Lafontant dédolarise l’économie haïtienne avec un arrêté. Très vite les économistes tirent la sonnette d’alarme sur les risques d’une telle démarche mais c’était sans compter sur la détermination du premier ministre. Cette décision a fait déraper le taux de change et a forcé la BRH a adopté une série de mesures difficiles. Malgré tout, le marché peine à retrouver son équilibre et les agents économiques en paient le prix. Jack Guy Lafontant est parti, l’affaire est oubliée.

Novembre 2020, l’opposition haïtienne fait monter la pression autour de la fin du mandat présidentiel le 07 février 2021. Haïti respire au rythme des annonces des plus radicaux. Janvier 2021, le pays s’arrête net, l’économie stagne, tous les projets sont en attente car l’opposition menace de sortir le grand jeu pour faire partir Jovenel Moise. Un pacte est signé, des entités sont prévues pour assurer la réussite de la transition. Le 07 Février, M. Moise est encore au palais, le conseil national de transition n’est pas constitué mais un président provisoire est désigné. Plus d’un mois après, personne ne sait où se trouve Joseph Mecene Jean-Louis, qu’est-ce qu’il fait ou encore quel sont les futures actions de l’opposition. Mais les opposants, dans les medias et sur les réseaux sociaux continuent de dénoncer, critiquer ou d’annoncer comme s’ils ne venaient pas de faire perdre trois mois au pays.

La liste aurait pu être longue car depuis quelques temps, c’est un dossier qui chasse un autre ; les mêmes erreurs se reproduisent, les conséquences pèsent lourd mais l’haïtien encaisse et avance. Après tout n’est-il pas félicité tous les jours pour sa résilience? C’est à se demander s’il ne s’agit pas de préférence de résignation.
Luckner GARRAUDJournaliste Radio/Télé Métropol

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