Extraits/24.07.ECOS.UN : »(…)Le représentant de Secrétaire général en Haïti a expliqué les problèmes que pose l’instabilité socioéconomique sur le développement à long terme de Haïti. A ce sujet, le représentant de la France a déclaré que l’Union européenne considérait comme une grave entorse aux règles fondamentales de la démocratie et à la loi électorale de Haïti, le refus du Gouvernement de ce pays de remédier à certains problèmes des dernières élections. L’Union européenne pourrait reconsidérer sa politique en matière de coopération pour le développement en Haïti si le processus démocratique était remis en question, a-t-il dit. Répondant à ces commentaires, la délégation d’Haïti a déclaré que les critiques portées à l’encontre du système de décompte des votes pour le Sénat avait reçu une réponse du Conseil électoral provisoire d’Haïti, qui est un organisme indépendant de consensus, et qui est seul habilité à organiser les scrutins et à interpréter la loi électorale. Le Gouvernement d’Haïti, a-t-il estimé, ne devrait donc pas être accusé de décisions qui ne sont pas les siennes, et notamment de celle prise sur le système de décompte des votes par le Conseil électoral.(…)M. ALFREDO LOPES CABRAL, Représentant du Secrétaire général en Haïti, a mis en lumière les travaux de la Mission internationale civile d’appui en Haïti (MICAH). Du fait d’un climat de crise politique incessante, Haïti a fonctionné sans gouvernement institué depuis 1997 et sans organe législatif depuis janvier 1999. On avait espéré que la tenue d’élections municipales et législatives apporterait une solution à cette crise et le système des Nations Unies a joué un rôle actif dans la promotion du processus électoral. Après avoir été repoussées trois fois les élections ont finalement eu lieu le 21 mai, avec un taux de participation très élevé de plus de 50 % des quatre millions d’électeurs inscrits sur les listes électorales. Il n’y a eu que peu de cas de violences et les cas de fraude sont peu nombreux.(…)Dans l’ensemble, la police s’est comportée admirablement le 21 mai en maintenant une présence visible et disciplinée dans tout le pays. Toutefois, certains éléments de la police auraient participé à des cas de vol de bulletins de vote et de falsification des votes après la fermeture du scrutin. Alors que les premiers résultats des élections étaient divulgués, une anomalie a été découverte dans la méthode de computation des voix au Sénat. La Mission d’observation électorale de l’Organisation des États américains (OEA) a qualifié cette procédure de « grave erreur’ qui risquait de compromettre la légitimité de l’ensemble du processus si elle n’était pas corrigée. Les autorités d’Haïti ont reconnu que leur méthode de calcul n’était pas conforme à la Loi électorale. Par ailleurs, le Président du Conseil électoral, M. Léon Manus, s’est enfui du pays le 18 juin en disant qu’il avait subi des pressions pour signer des résultats qu’il considérait invalides. Le 3 juillet, le Président Préval a nommé trois nouveaux membres du Conseil d’une manière indiquant que le Conseil électoral n’est plus l’organe consensuel et représentatif envisagé lors de sa création. Ces nominations ont également jeté un doute sur l’indépendance du Conseil. …)La communauté internationale continue d’insister pour que le Conseil électoral et les autorités résolvent la question de la méthode de calcul des résultats du Sénat et de souligner que si cela n’est pas fait, la légitimité démocratique du Parlement s’en ressentira et l’aide financière internationale dont le peuple d’Haïti a grand besoin connaîtra un retard qui pourrait être évité. De leur côté, les autorités haïtiennes ont continué à insister sur le fait qu’elles ne peuvent intervenir car le Conseil électoral est indépendant. L’actualité des dernières semaines a cependant sérieusement remis en doute la réalité de cette indépendance. (…)M. Lopes Cabral a regretté que la capacité de la MICAH à soutenir les vacillantes institutions démocratiques d’Haïti soit menacée par le climat de perturbations politiques et d’intolérance actuel, qui expose ces institutions à des pressions et des menaces. Le représentant a rappelé que la meilleure garantie de l’état de droit réside dans des institutions judiciaires fortes et indépendantes. Il a espéré que les fonctionnaires chargés de la sécurité publique et les magistrats auraient recours à toute l’expertise que la MICAH met à leur disposition. Les violations des droits de l’homme se poursuivant et la capacité du système à les sanctionner restant incertaine, M. Lopes Cabral a espéré que l’institution d’Ombudsman prendra les mesures qui s’imposent pour bénéficier de l’expertise de la Mission dans ce domaine. La situation est également préoccupante en matière de sécurité et risque de constituer un obstacle au travail des conseillers de la MICAH. (…)En conclusion, M. Lopes Cabral a déclaré que la communauté internationale reste engagée en faveur du progrès économique et social et du développement économique d’Haïti. Toutefois, a-t-il ajouté, des changements importants ne pourront intervenir que si une planification coordonnée et cohérente à long terme est mise en place, ce qui est fonction de la stabilité politique du pays et de l’adhésion du Gouvernement à un processus démocratique libre, juste et crédible. Les dirigeants politiques d’Haïti doivent prendre en compte les aspirations légitimes de la population tout entière et s’assurer que, dans une ère de mondialisation croissante, Haïti ne se retrouve pas à l’extérieur du Village mondial. Il est essentiel que les autorités haïtiennes embrassent complètement la claire aspiration de leur peuple et celle des gouvernements de la région à être guidés par la règle de droit et à construire des sociétés libres et démocratiques. En tant que membre de la communauté internationale, il est dans l’intérêt d’Haïti de ne pas s’isoler et de suivre la voie du pluralisme démocratique. Pour Haïti, comme pour le reste du monde, la démocratie reste la seule manière d’améliorer les conditions de vie de sa population et d’assurer une paix et une stabilité durables. »
Haïti : Inquiétudes au Sein des Nations Unies
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