Haïti: l’Onu de plus en plus critiquée pour son inefficacité face à la violence

A quelques jours du renouvellement attendu de son mandat par le Conseil de sécurité, la Mission de stabilisation de l’Onu en Haïti (Minustah) est de plus en plus critiquée pour son inefficacité face à la montée de la violence dans la capitale haïtienne. Ce mandat expire le 24 juin et des discussions sont en cours pour l’adapter à la perspective d’élections générales prévues en fin d’année. Le général brésilien Augusto Heleno Ribeiro, commandant des forces militaires de la Minustah, est la cible de toutes les critiques, notamment des milieux d’affaires, l’une des principales victimes de l’insécurité. Les reproches visent également Juan Gabriel Valdes, représentant spécial du secrétaire général de l’Onu, comme en témoigne une banderole déployée devant le quartier-général de l’organisation. « M. Valdes, donnez-nous la sécurité, le peuple haïtien le mérite », peut-on y lire. Des messages diffusés sur les radios haïtiennes, ainsi que des pages achetées dans les journaux mettent en question le mandat de la Minustah, exprimant la lassitude de la population après un an de présence de quelques 7.500 Casques bleus et policiers internationaux. La violence « prend des formes inquiétantes », reconnaît un militaire onusien. « On a l’impression que Bagdad sert de référence à ceux qui organisent la violence en Haïti », renchérit un diplomate occidental sous couvert d’anonymat. Il reconnaît que l’aggravation de la crise économique et la manipulation politique des jeunes chômeurs dans les quartiers pauvres de la capitale alimentent cette insécurité. Selon une organisation de défense des droits de l’homme, la RNDDH, plus d’un millier de personnes ont été tuées par balles en Haïti entre septembre 2004 et mai 2005. La RNDDH impute ces violences à des partisans armés de Jean Bertrand Aristide, à des anciens militaires et à des membres du Front de résistance des Gonaïves (nord-ouest), qui avaient contribué à l’éviction en février 2004 de l’ex-président. Plus de 300.000rmes à feu circulent toujours dans le pays, selon une ONG internationale.Nouvelle forme de l’insécurité, des enlèvements contre rançon se multiplient dans la capitale haïtienne dont certains quartiers, aux mains de gangs armés, échappent à tout contrôle des autorités. Vendredi, une Italienne de 67 ans vivant depuis 30 ans en Haïti a été enlevée dans le centre-ville, selon des sources diplomatiques. Plus de 250 cas, dont au moins dix concernant des étrangers, ont été signalés ces derniers mois. Ces enlèvements se terminent souvent en quelques jours par le versement de rançons par les familles qui évitent d’informer la police haïtienne, dont des membres sont soupçonnés d’implication dans les rapts. « Personne n’était préparé à ce type de violences dans le pays », souligne un officier canadien, spécialiste du système pénitentiaire haïtien. La porte-parole de la police, Gessie Coicou, a annoncé plusieurs arrestations d’officiers impliqués dans les enlèvements. Mais l’institution semble dépassée par l’ampleur du phénomène.Les Casques bleus de leur côté ne sont pas spécialisés dans ce domaine, fait valoir un porte-parole, le colonel Boulbars Elouafi. La direction de la police a annoncé la création d’une unité spéciale chargée des enlèvements. Cette unité, dont les membres sont formés par des instructeurs étrangers, a déjà permis l’interpellation d’une cinquantaine de personnes, en majorité des jeunes issus de quartiers pauvres de Port-au-Prince. AFP

Publicité