Les seize jours de la première foire binationale écotouristique et de production ( 20 novembre-5 décembre 2004) sont scellés par un acte soutenu par des organisations haïtiennes et dominicaines et porté par devant les autorités des deux pays partageant l’île Hispaniola. « Nous sommes condamnés à vivre ensemble. C’est une question de vie ou de mort », prévient le prêtre catholique Yves Edmond présentant l’acte de la foire binationale écotouristique et de production visant une harmonisation entre Haïti et la République dominicaine, bouleversés par des conflits historiques et fragilisés par un racisme primaire. L’acte rédigé et soutenu par les organisations Sant pon Ayiti (Centre Pont Haïti), Fundacion ciencia et arte (Fondation Science et art), la Société d’exploitation du Parc naturel de Fonds Parisien (Sodepa) et la Fondation pour le développement d’un tourisme alternatif en Haïti (Fondetah), a été présenté à la cérémonie de clôture de la première foire commerciale, scientifique et culturelle à laquelle ont assisté les ministres haïtiens des Affaires sociales et du travail, Pierre Claude Calixte et de l’Environnement Yves André Wainright. Le représentant du président dominicain, Max Puig, ministre de l’Environnement et des ressources naturelle accompagné du secrétaire d’Etat à la culture de son pays, Avelino Stanley a également assisté à la clôture des activités. Les organisations qui se sont engagées dans le processus d’harmonisation des relations des deux peuples, estiment avoir une responsabilité historique pour « bannir l’esclavage dans les bateys dominicains, combattre le trafic des enfants dans les zones frontalières et de finir avec les préjugés qui existent entre Haïtiens et Dominicains ». Entre deux mille à trois mille enfants traversent annuellement la frontière vers la République dominicaine, tandis que les conditions de vie demeurent précaires dans les bateys, a déploré les organisations de défenses des droits des réfugiés et rapatriés. Le journaliste français, correspondant du journal français Le Monde et de RFI, Jean Michel Caroit a, dans une étude, estimé que les Dominicains ont de chaque Haïtien, l’image d’un braceros et inversement les Haïtiennes voient les Dominicaines comme des prostituées. Ce sont tous ces complexes et préjugés que les organisateurs veulent combattre à travers l’acte qui a marqué la cloture de la foire au Parc naturel de Fonds Parisien. L’acte des assises présenté, Yves Edmond, a demandé, entre autres, aux autorités des deux pays de repenser la manière dont l’histoire et les langues sont enseignées dans les institutions scolaires des deux côtés de l’île. « Les préjugés, a soutenu le porte-parole, passent dans la manière d’enseigner dans les écoles, l’évangile prôné dans certaines églises et l’exploitation faite par une frange de la société civile et certains leaders politiques » des relations tumultueuses des deux peuples. L’acte de la foire a suggéré que l’enseignement du créole et de l’espagnol, langues respectivement officielles d’Haïti et de la République dominicaine « soient obligatoire dans les instructions primaires et secondaires de l’île entière ». Durant les seize jours de la foire, s’est réjouit, le prêtre « une vie commune a été existé entre les Haïtiens et les Dominicains, sans aucune forme de préjugés ». Les deux gouvernements, a-t-il estimé, devront appuyer les échanges entre les organisations et les étudiants dans les zones frontalières. Pour y parvenir, les quatre organisations signataires de l’acte de la foire entendent créer un comité binational pour renforcer les relations et le développement des deux peuples. Ces organisations ont également plaidé en faveur de la baisse du coût d’obtention des « visas » et une redéfinition de la « politique migratoire des deux pays, sans aucune forme de préjugé et de discrimination ». Les organisations internationales sont également appelés à « appuyer les efforts consentis par les deux peuples pour la transformation de l’île ». Les Ambassadeurs canadien et de l’Union européenne accrédités en République dominicaine, qui ont participé à la cérémonie de clôture de la première édition de la foire sont unanimes à saluer la réussite de cette manifestation visant l’harmonisation des relations sur l’île. Une occasion pour le diplomate canadien d’annoncer « l’inauguration d’un projet transfrontalier au niveau du département de l’Artibonite ». Ce projet dont son contenu n’a pas été détaillé engagera Haïti, la République dominicaine et le Canada. Les pays bénéficiaires, sont particulièrement liés par la gestion commune de la rivière de l’Artibonite qui prend ses débits en République dominicaine. HPN
Haïti/ Rép. Dominicaine : Les actes de la foire binationale
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