La situation d’ Haïti à la Conférence de Miami sur le Bassin de la Caraïbe

Environ 500 hommes d’affaires et leaders politiques ont répondu à l’invitation de la Caribbean-Central American Action (CCAA), une organisation privée qui assure la promotion du développement économique dans la zone de l’Amérique centrale et de la Caraïbe, à participer à la 28ème édition de la Conférence de Miami sur le Bassin de la Caraïbe qui s’est ouverte le lundi 6 décembre 2004. Huit chefs de gouvernement de la zone dont le premier ministre haïtien, Gérard Latortue, le président dominicain, Leonel Fernandez et le premier ministre jamaïcain, P.J. Patterson interviendront au cours de la rencontre durant laquelle l’on discutera de l’intégration commerciale et de la préparation aux désastres naturels dans la zone caraïbéenne. Les responsables de la CCAA célèbrent cette année le dixième anniversaire du lancement de l’ambitieux projet du marché hémisphérique à Miami en 1994 par l’ex-président américain William J. Clinton. La conférence de 2004 ayant pour thème « Intégration de la troisième frontière », a été lancée, le lundi 6 décembre, par le sénateur démocrate de la Floride, Bill Nelson et le président guatémaltèque, Oscar Berger. L’assistant secrétaire du Département de l’Energie des Etats-Unis, Vincent DeVito et le général manager de Banco Uno du Guatémala, ont eu également à prendre la parole au moment de l’inauguration. Le concept « troisième frontière » a été utilisé pour la première fois par l’administration Bush pour indiquer l’importance des pays de la Caraïbe pour les Etats-Unis en faisant référence au Canada et au Mexique comme les deux autres pays frontaliers. Interrogé par le quotidien de la Floride Miami Herald, le directeur de planification stratégique et de développement de la CCAA, Charles J. Skuba, a annoncé qu’Haïti aura un traitement spécial cette année en raison de la continuité de la crise après la démission du Président Jean-Bertrand Aristide le 29 février dernier. « C’est une période critique. Haïti continue d’être une tragédie. Elle représente le plus important problème dans toute la région et nous ne pouvons pas l’ignorer », a déclaré le représentant de la CCAA. « Nous avons une opportunité cette année avant les élections en Haïti de réaliser des améliorations dans certains secteurs, que ce soit au niveau de l’environnement, la création d’emplois ou l’amélioration du partenariat avec la Floride », a affirmé M. Skuba. Intervenant à la Conférence, le numéro un de la Banque interaméricaine de développement (BID), Enrique Iglesias, a souligné que le problème haïtien représente une préoccupation pour son institution. Il a précisé que des prêts de l’ordre de 400 millions de dollars américains ont été octroyés par la BID à l’Etat haïtien. Il promet que la principale agence multilatérale de financement du sous-continent américain sera très active en Haïti dans les prochains mois. La BID accorde chaque année aux pays de zone de l’Amérique latine et de la Caraïbe quelque 6 milliards de dollars américains. Les multiples problèmes sociopolitiques enregistrés en Haïti durant les deux dernières décennies n’ont pas permis à la population de bénéficier des crédits de la BID au pays. Trois séminaires seront consacrés à Haïti à l’occasion de la courante édition de la Conférence. Le premier ayant pour thème « Focus sur la République dominicaine et Haïti (Hispaniola) », a été organisé dans la matinée du mardi 7 décembre avec la participation du ministre de l’Economie et des Finances, M. Henri Bazin et du représentant de l’Association des Industries d’Haïti (ADIH), M. Jean Edouard Baker, d’un officiel de l’administration Fernandez, M. Eddy Martinez Manzuela et d’un représentant du secteur privé dominicain, M. Luis R. Pellerano. Le grand argentier de la nation haïtienne, Henri Bazin, a appelé pour une amélioration des relations entre les deux pays. M. Bazin a avancé les informations d’une étude réalisée par le secteur privé haïtien faisant croire que l’Etat haïtien fait face à un manque à gagner de près de 200 millions de dollars américains en raison de la contrebande au niveau de la frontière. L’officiel haïtien a fait savoir que le gouvernement dominicain subventionne certaines industries exportant des produits vers Haïti. Il s’est déclaré en faveur de discussions entre les représentants des deux pays pour harmoniser les relations commerciales, ce qui bénéficiera aux deux peuples. M. Bazin a souligné que Haïti n’exporte pas exclusivement une main d’œuvre non qualifiée en République dominicaine mais également des ouvriers qualifiés qui sont très utilisés dans le secteur de la construction. Il encourage les autorités des deux pays à adopter un « new deal » pour améliorer les relations entre les deux pays voisins. Le représentant du gouvernement dominicain, Eddy Martinez Manzuela, a reconnu l’important surplus commercial dont jouit son pays par rapport à Haïti. Les chiffres officiels de la République dominicaine indiquent, selon lui, que les exportations vers Haïti sont estimées à 127 millions de dollars américains par année. Tandis que l’économie dominicaine importe seulement 1,5 million de dollars américains d’Haïti. Ceci représente un chiffre insignifiant par rapport aux importations totales dominicaines estimées à plus de 7 milliards de dollars américains chaque année. Le directeur exécutif du Centre d’Exportations et d’Investissement a affirmé que son bureau encourage régulièrement les hommes d’affaires dominicains à investir en Haïti mais les conditions dans le pays sont loin d’être remplies pour attirer les potentiels investisseurs dominicains. Le fonctionnaire dominicain encourage la reprise du dialogue à travers la commission mixte haïtiano-dominicaine pour améliorer les relations entre les deux pays. Il a rappelé que la dernière rencontre de cette commission a eu lieu en juin 1998. Il croit fermement en la capacité des deux économies à bénéficier du mouvement de globalisation si les leaders des deux côtés de la frontière arrivent à réaliser des partenariats gagnants. Kesner Pharel.

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