Imbroglio diplomatique avec Haïti

Il est premier ministre d’Haïti depuis 10 jours, mais Jacques-Édouard Alexis se bat contre le gouvernement canadien depuis plus de deux ans. « C’est mon honneur qui est sali … Je tiens à ce que le Canada s’excuse publiquement auprès de moi et auprès de la population haïtienne », réclame-t-il.Depuis 2004, le Canada considère Jacques-Édouard Alexis complice de crimes contre l’humanité. L’affaire remonte aux années 1999-2000, alors qu’il occupait le poste de premier ministre pour la première fois. Une époque où Haïti a basculé dans le chaos et la violence. La police nationale haïtienne s’est livrée à de nombreuses exactions, dont le meurtre de 11 civils lors d’un massacre connu sous le nom de Carrefour-Feuilles.Dans une lettre de l’ambassade canadienne obtenue par Radio-Canada, on apprend que les autorités reprochent à Jacques-Édouard Alexis son inaction. « La police nationale d’Haïti s’est livrée à des crimes contre l’humanité à une époque où vous étiez ministre, et donc responsable de ses actions », peut-on lire dans la lettre.Pour se défendre, M. Alexis fait valoir que son gouvernement a agi en appuyant un procès contre les coupables. « C’est la première fois, à ce que je me rappelle, que les policiers qui ont été identifiés dans ce forfait-là ont été arrêtés, emprisonnés, et traduits devant la justice. Ils ont été condamnés », soutient-il.En outre, aucun des organismes internationaux de défense des droits humains cités par Ottawa n’associe le massacre de Carrefour-Feuilles à un crime contre l’humanité. L’accusation du Canada surprend d’ailleurs le sociologue d’origine haïtienne, Franklin Midy. « L’opinion publique internationale aurait été mise au courant s’il y avait eu des crimes semblables établis. Parce que c’est extrêmement grave », explique le professeur Le gouvernement fédéral ne ferme pas totalement la porte à M. Alexis et pourrait exceptionnellement lui permettre d’entrer au pays, comme dans le cas de visites officielles. « C’est tellement important d’avoir les capacités d’engager [un dialogue] directement avec le premier ministre d’Haïti », a commenté Peter Mackay, ministre des Affaires étrangères du Canada, qui doit se rendre en Haïti, samedi, pour rencontrer le président René Préval, avant d’assister à l’assemblée générale de l’Organisation des États américains, du 4 au 6 juin, en République dominicaine.Jacques-Édouard Alexis demeure toutefois persona non grata au Canada, et il n’aura pas le droit de venir visiter ses enfants qui se sont établis à Montréal.Il y a quelques semaines, un autre incident diplomatique a éclaté après que le secrétaire général de la Francophonie, Abdou Diouf, eut subi un contrôle de sécurité à son arrivée au Canada. En dépit de son statut, aucun ministre n’était présent pour l’accueillir. Ottawa n’a pas offert d’excuses officielles, mais la ministre de la Francophonie, Josée Verner, a exprimé ses regrets à M. Diouf lors de la conférence de la Francophonie, qui avait lieu au Manitoba.Sources: Radio Canada

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