Insécurité : les citoyens aux abois, les autorités déplorent, dénoncent et promettent.

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C’est au ministère de la justice, le 01 Mars, après avoir participé à une réunion du Conseil Supérieur de la Police Nationale (CSPN) que le président Jovenel Moise avait déclaré que les mains cachées derrière le phénomène de Kidnapping étaient en passe d’être identifiées. Plus d’un mois après, c’est le premier ministre Joseph Jouthe qui affirme, lundi 12 avril, que le Kidnapping en Haïti est dirigé ; mais jusqu’à présent ni le chef de l’état, ni celui du gouvernement n’a pu citer un nom, la police n’a arrêté aucun kidnappeur à col blanc.

C’est ce même gouvernement qui, il y a 4 mois, a créé l’Agence Nationale d’Intelligence (ANI), une entité qui devait aider dans la lutte contre la criminalité. Pour donner une réponse proportionnelle aux actions des bandits, l’exécutif a aussi décrété, cela fait près d’un mois, l’état d’urgence sécuritaire sur les zones de non droit dont la majorité se trouve dans la Capitale haïtienne.

Aujourd’hui encore, les actions se font attendre, les résultats encore plus. Dépassées, les autorités improvisent, tâtonnent et font l’autruche. Elles sont passées maitre dans l’art de « déplorer les incidents » et celui de « passer des instructions ou encore d’annoncer qu’elles ont été prises ». On ne compte plus ces messages copiés/collés sur les comptes twitter des officiels du gouvernement.

Dans un pays où tout est politique, disons mieux, où la politique contrôle tout, l’insécurité dispose d’un boulevard et gagne du terrain. Le pouvoir continue de croire, à tort ou à raison, que la remontée des cas de Kidnapping est seulement une manœuvre de déstabilisation alors qu’entretemps, les gangs pullulent, se renforcent gagnent en confiance et sèment le deuil au sein de la population.

Comment lutter efficacement contre l’insécurité et le banditisme dans un pays où le système judiciaire est paralysé par des grèves à répétition et cela ne semble déranger aucun chef. Comment arrêter la prolifération des gangs lorsque des quartiers sont abandonnés par l’état sans accès aux services de base ; comment réduire le nombre de groupes armés si les seules façons pour un politicien de s’assurer d’une victoire aux élections est d’avoir beaucoup d’argent et le soutien d’un chef de gang ?

Le citoyen, lui, continue de compter sur la police pour le protéger. Une police qui lutte contre ses démons ; Une police dont les agents sont de plus en plus démobilisés notamment depuis l’opération ratée à Village de Dieu qui a couté la vie à au moins 4 d’entre eux. Une police qui se cherche, qui lutte pour sa survie entre des syndicalistes qui sont en face de la direction générale et des agents fantômes qui mettent l’institution à genou quand ils le veulent.

Entretemps, le citoyen se fait kidnapper, doit payer des rançons alors qu’il est au chômage, il se fait tuer, attend justice alors que les juges sont en grève. Pendant que les autorités continuent, eux, de promette de traquer les bandits, de lancer des opérations zéro tolérance, de préparer des élections ; bref elles continuent d’être à des années-lumière de la vraie réalité.
Luckner GARRAUD

Journaliste Radio/Télé Métropole

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