Les circonstances dans lesquelles s’est déroulée la manifestation des étudiants, mercredi, portent plus d’un à se poser diverses questions. Diverses interrogations demeurent sur le pourquoi de cette division, de cette confusion, de cette mobilisation de la population pourtant frappée de plein fouet par l’insécurité et la hausse du coût de la vie. L’occasion paraissait tout indiquée de manifester sa reprobation des enlèvements, de l’impunité, entre autres. Mais, déroulée dans la confusion, la marche aura permis de tirer plusieurs enseignements . La division s’est installée au sein des étudiants, fer de lance du mouvement ayant abouti à la chute du régime lavalas, le 29 février 2004. Le succès de la mobilisation anti-Aristide a été dû à la détermination et à l’unité dans la diversité des secteurs opposés au régime lavalas. A la marche du mercredi 11 mai, d’une part, des protestations contre l’insécurité, le kidnapping et la vie chère; de l’autre, des protestations contre la bourgeoisie et le gouvernement Latortue. Ceux qui ne manifestaient pas contre le pouvoir en place se sont fait damer le pion par les opposants au gouvernement de transition qui souhaite remettre le pouvoir en février 2006 à un gouvernement élu. Mais, ce qu’il faut aussi retenir, c’est que dénoncer l’impunité, le kidnapping, l’insécurité et la vie chère sous un régime entraine automatiquement sa mise en question. Ainsi, de l’avis de plusieurs observateurs, le pouvoir intérimaire devrait se sentir interpellé en dépit de la confusion qui a entouré la marche. La Minustah, aussi, devrait se sentir concernée dans la mesure où le ressentiment de la population grandit. De même que les organisateurs de cette marche à deux têtes ont du souci à se faire. Car la population quoique victime de l’insécurité est restée à distance. Qu’ils s’agissent du Grafneh, des étudiants de la faculté des sciences humaines, du Groupe des 184, du patronat, des dirigeants politiques, ils doivent se rendre à l’évidence que le malaise est profond et chercher à savoir pourquoi.
Interrogations après la marche du 11 mai
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