« Jazz la telman ap byen mache, se Kamina jazz la ap Kamina » par cette phrase, le premier ministre Joseph Jouthe voulait féliciter la police qui a déjoué selon lui la plus grande tentative de coup d’état de ces 15 dernières années en Haïti. Me Ivikel Dabrezil, Juge à la Cour de Cassation est arrêté et avec lui d’autres personnalités publiques et politiques.
C’est une victoire pour le gouvernement, mais le remède est difficile à avaler. L’ambiance post 7 février est explosive, si gonw jazz kap byen mache, ce n’est certainement pas le pays. Déjà l’exécutif peine à faire accepter sa version des faits, le monde judiciaire est divisé. Dans une note empreinte de désinvolture, le président de la Cour de Cassation, instance à laquelle appartient le juge Ivikel Dabrezil, ne fait qu’exiger que ce dernier soit traité avec le respect dû à son rang. Me René Sylvestre, dans la première partie de la note a surtout rappelé que les magistrats ont l’obligation de se démarquer de la politique.
Alors que de son côté, le conseil supérieur du pouvoir judiciaire condamne avec rigueur l’arrestation du Juge Ivikel Dabrezil et exige sa libération. Selon le CSPJ, d’autres magistrats font objet de menaces pour avoir paraphé le 06 février dernier la position de l’institution sur la fin du mandat présidentiel ; un document que le président René Sylvestre n’avait d’ailleurs pas signé.
Dans la foulée, le ministère de la justice continue de soutenir la thèse de coup d’état raté avancée par le gouvernement. Dans une note, qui fait suite à la conférence de presse donnée dimanche, le ministre Rockfeller Vincent condamne « les Tentatives » d’attentat contre la vie du chef de l’état haïtien.
Me Ivikel Dabrezil a été arrêté parce qu’il était sur le point d’être nommé président par l’opposition pour conduire la transition dans la logique de l’exécutif. Moins de 24h après son arrestation, c’est le juge Joseph Mécène Jean Louis, le plus ancien de la Cour de Cassation qui endosse cette responsabilité. L’orchestre qui marchait si bien, si évidemment le premier ministre faisait référence au pays et pas à son gouvernement, a désormais deux maestros. S’il est vrai que l’opposition ne sait toujours pas quoi faire avec ce président parallèle car Jovenel Moise siège encore au palais, il n’en demeure pas moins vrai qu’il existe et ne peut pas être ignoré dans l’équation. Illégal, inconstitutionnel frisant la folie, c’est ainsi que le gouvernement qualifie l’acte de l’opposition. Le ministre de la justice va jusqu’à déplorer le choix de Me Joseph Mécène Jean Louis de tourner le dos à son titre en acceptant de s’allier avec les opposants. L’exécutif peut bien vouloir minimiser la nomination du président de la transition, mais la démarche l’a poussé à l’excès. Quand un arrêté envoie les 3 juges pressentis pour diriger la transition à la retraite, ce n’est pas parce qu’ils ont tous l’âge requis ; quand la police se met à sécuriser, pour ne pas dire assiéger, des institutions telles que la Cour de Cassation ou l’école de la Magistrature, ce n’est surement pas pour éviter des tentatives de « dechoucage ». La PNH et les FAD’Hs se positionnent donc. Le lieutenant général Jodel Lessage ne veut pas laisser de place aux malentendus, il l’a consigné dans une note de presse, l’armée d’Haïti entend jouer son rôle, répondre à sa mission qui est d’assurer la sécurité nationale. Elle est déterminée à respecter la constitution et les autorités légitimes et démocratiquement élus par la population ; comprendront ceux qui veulent.
Haïti est à ce carrefour où rien n’est clair pour personne : la communauté internationale est préoccupée mais reste dans l’observation en formulant des souhaits, le pays est paralysé, les activités sont au ralenti, les haïtiens craignent le pire chaque jour un peu plus ; mais l’exécutif continue de parler Courant, Referendum et élections. C’est à se demander si le pouvoir et le peuple sont dans le même Club, si yap danse menm Jazz…