La CISL condamne les pratiques de Grupo M contre les travailleurs haïtiens

La Confédération Internationale des Syndicats Libres a condamné ce 17 juin les pratiques de l’entreprise dominicaine Grupo M, opérant dans la zone franche de Ouanaminthe, au nord-ouest d’Haïti, où environ 370 ouvriers ont été révoqués le 11 juin dernier. Dans une prise de position, mise en ligne sur son site Internet, la confédération a dénoncé « une nouvelle offensive antisyndicale de la part d’une des principales sociétés de textile des Caraïbes » et a appelé la Banque mondiale à intervenir en faveur des travailleurs haïtiens licenciés. La CISL a également adressé une lettre au président haïtien par intérim, Alexandre Boniface, appelant ce dernier à exiger de Grupo M la réintégration immédiate des employés congédiés et le lancement de négociations en toute bonne foi avec le syndicat. Après avoir tourné le dos aux tentatives de revendications du syndicat national haïtien Sokowa, la société dominicaine Grupo M a précipité une grève, imposé un lock-out et licencié plus de la moitié des employés de son usine de Ouanaminthe, fournisseur de jeans Levi’s, a souligné la CISL. Selon la version des faits reprise par la CISL, une grève d’un jour organisée le 7 juin avait débouché sur un accord entre Grupo M et Sokowa pour la reprise du travail et le lancement de négociations en vue du traitement des griefs des travailleurs. Le lendemain, Grupo M a imposé le lock-out des effectifs et annoncé par lettre la fermeture de l’usine. Le mercredi 9 juin, a poursuivi la CISL, la direction de Grupo M est revenue sur sa décision et a fait redémarrer la production. Deux jours plus tard, dans un nouveau « volte-face », l’entreprise a annoncé la suppression de 254 postes. D’après Sokowa, toutefois, le nombre de travailleurs licenciés atteindrait 370, soit environ 60 pour cent de la main-d’œuvre. En annonçant le 11 juin la fermeture de 10 modules de production de ses usines à Ouanaminthe, Grupo M avait évoqué, entre autres, une « faible productivité » et l’ « insécurité générée par des actions d’intimidation ». La direction de l’entreprise précisait avoir « observé les règlements établis par les lois des deux pays » et que « sa décision a été communiquée aux instances officielles dominicaines et haïtiennes ». « Ils ont procédé au licenciement des travailleurs en représailles contre la grève organisée par ces derniers », a critiqué Guy Ryder, Secrétaire Général de la CISL, suivant des propos rapportés sur le site Internet de l’organisation. Pour sa part, Neil Kearney, Secrétaire Général de la Fédération internationale des travailleurs du textile, de l’habillement et du cuir (FITTHC), a soutenu que les droits des travailleurs de la zone franche d’exportation de Ouanaminthe étaient systématiquement violés. « Ils protestaient, a-t-il dit, contre la violence, le harcèlement, les pratiques dégradantes (notamment dans le cas de quatre dirigeantes syndicales déshabillées de force), les passages à tabac, les enlèvements et le non-paiement des salaires. » L’usine de Ouanaminthe a été construite au moyen d’un prêt de USD $ 20 millions octroyé par la Société financière internationale (SFI), agence de la Banque mondiale chargée des prêts au secteur privé. La CISL a appelé la SFI à « bloquer le versement de son prêt à Grupo M jusqu’à la reprise de la production dans l’usine haïtienne ». D’après Guy Ryder, « la SFI doit impérativement intervenir pour s’assurer que ces travailleurs haïtiens, qui connaissent une situation désespérément précaire, récupèrent leur emploi aussitôt que possible et puissent travailler dans des conditions humainement acceptables ». Alter Presse, 17 juin 2004

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