La crise politique rend dysfonctionnel l’appareil étatique haitien , selon l’ONU

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L’impasse politique née des élections de mai 2000 met le pays dans une situation de précarité chronique en ce qui concerne sa gouvernabilité. Dans un document publié par le système des Nations-Unies en Haïti, les experts notent que cette situation mine de plus en plus les institutions démocratiques du pays et affaiblit davantage l’Etat. Pour comprendre le contexte de la gouvernance en Haïti, le système des Nations-Unies s’est référé à un document de la primature intitulé « gestion des crises et perspectives de réforme de l’Etat » dans lequel on insiste sur trois (3) angles de crises : crise de légitimité, d’efficacité et d’équité. D’abord, les élus Lavalas dont la légitimité est contestée ne remplissent pas convenablement leur mission. Ils ont rarement une connaissance précise de leurs prérogatives, souligne le système des Nations-Unies dans son document dénommé « Programme intégré de réponses aux besoins urgents des populations vulnérables (PIR) ». Ceci est notamment attribuable à l’insuffisance et parfois à l’inexistence de ressources financières et matérielles. De plus, l’indépendance du pouvoir législatif par rapport à l’exécutif fait défaut. Ensuite, au niveau du système judiciaire, on note la politisation de cet appareil et la non exécution des décisions de justice. En conséquence, l’insécurité et l’impunité qui l’accompagne sont des manifestations du dysfonctionnement de la société haïtienne, poursuit le document. Quant aux institutions dites indépendantes, telles la Cour Supérieure des Comptes et l’Office de la Protection du Citoyen, elles n’ont pas les moyens de leur politique, alors que le Conseil Electoral Permanent n’est toujours pas institué. L’administration publique est aussi un exemple flagrant du dysfonctionnement de l’Etat. En effet, elle est caractérisée par une mauvaise maîtrise des mécanismes budgétaires et une mauvaise gestion financière, une centralisation excessive, une grande vulnérabilité par rapport aux aléas de la politique, fait remarquer le système des Nations-Unies. Ainsi, on assiste à une crise de confiance entre les gouvernés et les gouvernants. Les différentes couches de la population ne peuvent pas compter sur les institutions étatiques pour répondre à leurs besoins de base : soins de santé, éducation, protection des droits, justice équitable, routes, électricité, eau potable, participation aux prises de décision . En clair, la crise actuelle découlerait avant tout d’un problème de gouvernance, estime le système des Nations-Unies. Cette entité qui regroupe la grande majorité des bailleurs de fonds interessés à Haïti propose aux autorités de l’Etat de mettre au premier plan la participation locale aux prises de décision et de poursuivre le programme de déconcentration des institutions publiques. Mais, il faudra surtout combattre la corruption qui gangrène, freiner le gaspillage des fonds de l’Etat et rendre productive et efficace l’administration publique.

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