La gouverneure générale du Canada retrouve sa ville natale, Jacmel

La gouverneure générale, Michaëlle Jean, a fait mardi un émouvant retour dans le passé en visitant Jacmel, la ville de natale de sa mère, Luce Depestre.Mais elle a aussi voulu montrer que c’est l’avenir de la région qui la préoccupait en visitant trois projets de coopération financés par le Canada. »Les mots me manquent », a confié la chef d’État à son arrivée à l’aéroport de Jacmel, dans le Sud-Est du pays. «Je pense que c’est le moment le plus émouvant (du voyage en Haïti), parce qu’ici je reviens vraiment sur les traces de mon enfance.»Mme Jean est née à Port-au-Prince, mais sa mère et sa grand-mère sont nées à Jacmel, qui compte aujourd’hui quelque 20 000 habitants. Mardi, une vingtaine de membres de sa famille l’ont accueillie dans cette ville où elle est souvent allée avant de fuir Haïti avec ses parents, à l’âge de 11 ans. On lui a même remis les clés de la ville. »J’ai l’impression d’avoir 15 ans », a-t-elle confié devant l’école de musique Dessaix-Baptiste, qui a reçu quelque 13 000 $ de l’Agence canadienne de développement internationale (ACDI) pour acheter des instruments. «J’ai tellement marché dans ces rues. Je me reconnais. Les maisons n’ont pas beaucoup changé.»L’ancienne journaliste, qui joue elle-même du piano, a dit espérer que la musique puisse améliorer le sort de la jeunesse haïtienne — la moitié de la population. Elle a rappelé que plusieurs enfants travaillaient comme domestiques, une réalité qu’elle a assimilé à de la «servitude».Avant de monter dans le véhicule blindé des Nations unies qui l’a promenée d’un bout à l’autre de la ville, elle s’est hissée afin de saluer la centaine d’enfants qui s’étaient massés autour du convoi, au plus grand plaisir de la foule.Une heure et demie plus tôt, elle avait longuement écouté un leader paysan la remercier de l’aide du Canada pour améliorer le système d’irrigation de la région, au coût de 406 000 $. Puis, spontanément, elle a demandé la permission de monter sur sa chaise de paille afin de s’adresser, en créole, aux agriculteurs. On l’a applaudie à tout rompre.La gouverneure générale a aussi visité une immense génératrice au gazole qui fournit l’électricité aux habitants et aux industries de Jacmel. Depuis près de 10 ans, l’ACDI, en collaboration avec Hydro-Québec, a investi des millions de dollars dans le réseau électrique de la région, de sorte qu’il y a désormais du courant 20 heures par jour, un record en Haïti.Le hic, c’est que la montée des prix du pétrole compromet actuellement la viabilité économique du projet, qui a encore besoin de l’aide étrangère pour fonctionner. La bonne nouvelle, c’est que 90 pour cent des clients acquittent désormais leur facture d’électricité à Jacmel, contre tout juste 30 pour cent à Port-au-Prince.«Malgré les crises (dont le renversement du président Jean Bertrand Aristide, en février 2004), l’argent qu’on a dépensé ici sert toujours», s’est réjoui l’un des responsables d’Hydro-Québec à Jacmel, Claude Panneton.Mais il en faut toujours plus. Tous les bénéficiaires de l’aide canadienne ont mis un point d’honneur, mardi, à rappeler à Michaëlle Jean qu’ils espéraient de nouvelles contributions de l’ACDI.

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