La mobilisation des OP contre le gouvernement Neptune rappelle curieusement celle déclenchée contre l’ancien premier ministre Chérestal, selon des observateurs

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Les déclarations des chefs d’Organisations Populaires (OP) Lavalas critiquant le premier ministre Yvon Neptune et le gouvernement font penser à celles qui ont précédé la démission de Jean Marie Chérestal l’année dernière. Avec la conférence de presse du mardi 27 août 2002 à Saint-Jean Bosco les dirigeants d’OP semblent chercher à rééditer la victoire remportée sur Jean Marie Chérestal qui était l’un des principaux lieutenants de Jean Bertrand Aristide. Pour aboutir au départ de l’ancien premier ministre Jean Marie Chérestal, tout avait commencé par les dénonciations de Fourel Célestin, sénateur contesté du Sud-Est et vice-président du Grand Corps. Le parlementaire reprochait à M. Chérestal sa décision d’ériger un mur bloquant l’accès à l’ancien Grand Quartier Général des Forces Armées d’Haïti où la Primature (résidence du chef du gouvernement) devait être transférée. Outre le manque de réalisation du gouvernement Chérestal, l’acquisition d’une maison luxueuse à Canapé-vert comme résidence privée du premier ministre alimentait les sévères critiques du sénateur Lavalas. Fourel Célestin était considéré comme un proche de Jean Bertrand Aristide, d’aucuns flairaient le divorce entre Jean Bertrand Aristide le président et Jean Marie Chérestal son premier ministre. Si le départ de Chérestal a été annoncé par un parlementaire, ce sont des membres d’Organisations Populaires (OP) Lavalas qui sonnent le glas du régime Neptune. René Civil et Paul Raymond, deux (2) puissants chefs d’OP pro-Aristide ont assuré sur le béton le départ de l’ancien premier ministre. Laxisme face à la misère et à l’insécurité, Jean Marie Chérestal a été accusé de tout cela, entre autres. A l’occasion d’une présentation de M. Chérestal au Parlement au début de janvier 2002, des membres d’OP Lavalas en ont profité pour déclencher une manifestation hostile au cousin du président Jean Bertrand Aristide. Une mobilisation qui allait culminer quelques jours plus tard au départ du premier ministre Chérestal six (6) mois après son installation à la Villa d’Accueil. D’autant que Fourel Célestin fraichement promu président de l’Assemblée Nationale se basant sur les maigres réalisations de Jean Marie Chérestal allait, sans ambage, faire le procès accablant du gouvernement Chérestal. Au Palais National au moment de son investiture, Jean Marie Chérestal avait promis au président de garder la tête froide. “ Titid rete tèt frèt, nou pral travay pou nou bay lapè nan tèt, lapè nan vant “. Et mine de rien, la démission de Jean Marie Chérestal a été acceptée d’un revers de main par Jean Bertrand Aristide. En prêtant sermant lui aussi au Palais National, Yvon Neptune, considéré par des observateurs comme un « fidèle très fidèle à Jean Bertrand Aristide », avait dans un langage raffiné réitéré les mêmes promesses au chef de l’Etat avec un engagement plus formel d’endiguer le chômage et la misère. De même que pour Jean Marie Chérestal, après six (6) mois passé à la Primature, Yvon Neptune fait face à une levée de boucliers orchestrée par les chefs d’OP Lavalas. Et ce sont également les mêmes reproches faites à Chérestal qui reviennent curieusement. Depuis les évènements des Gonaïves, les deux (2) chefs d’OP de l’exécutif sembleraient être en froid, selon des observateurs. Amiot Métayer et partisans ont été qualifiés de hors-la-loi par le premier ministre, c’était le 2 août 2002 après l’évasion spectaculaire de la prison des Gonaïves, alors que la présidence, de son côté, allait privilégier les négociations dans le cas de Amiot Métayer. Et depuis les interventions du premier ministre Neptune dans la presse se font de plus en plus rare. On sait également que le chef de l’Etat ne rate jamais une occasion pour renouveler la confession de foi de Lavalas aux Organisations Populaires. En ce qui concerne la démission de Yvon Neptune réclamée par les OP Lavalas, il revient au chef de l’Etat de soutenir ou de lâcher celui que l’on considère comme son homme de confiance. En réaction à cette nouvelle levée de boucliers contre le deuxième premier ministre Jean Bertrand Aristide, la présidence par la voix de Hendell Carré, affirme prendre en considération les revendications des OP Lavalas sans pour autant indiquer s’il va y avoir changement.

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