La mort de Ravix et de Sonnen : un tournant ?

Le décès de deux des principaux chefs de bandes armées, Ravix Rémissainthe (ex-caporal) et René Jean Anthony dit Grenn Sonnen ( ancien membre de l’unité d’élite Corps des Léopards), au cours d’affrontements avec la police nationale appuyée par la Minustah, suscite à la fois espoir et scepticisme au sein de la population de Port-au-Prince, notamment dans la commune de Delmas qui avait été mise sous coupe réglée. La plupart des riverains ne cachent pas leur soulagement mais insistent pour que les opérations contre les bandits se poursuivent car « Grenn Sonnen » est tombé avec cinq de ses lieutenants. Ils font remarquer que l’alliance incompréhensible Ravix/Sonnen ( Ravix a combattu Aristide tandis que Sonnen était un homme de main du président déchu) était forte de plusieurs dizaines d’hommes lourdement armés. Ils poursuivent que cette union avait le soutien des activistes armés lavalas qui imposent leur loi notamment à Bel-Air et à Cité Soleil, le plus grand bidonville du pays où le dénommé Emmanuel Wilmé dit Dread Wilmé règne en maître. Au niveau de la Police nationale et de la police civile de l’ ONU (CIVPOL), les préoccupations de la population sont , semble-t-il, prises en compte. Interrogé à ce sujet, le porte-parole de la CIVPOL, annonce que les opérations vont se poursuivre. De plus, Daniel Moskaluk, analyse la possibilité d’un tournant sur deux aspects. D’une part, le responsable policier estime que les bandits pourraient être dissuadés par l’ampleur de la riposte de la police et dans ce cas, réfléchiraient par deux fois avant d’agir. D’autre part, l’officier canadien de la Mission de l’ONU pense que la violence pourrait augmenter mais assure que la police et la Minustah sont préparés en conséquence. En conférence de presse, le vendredi 8 avril, l’ambassadeur américain James Foley avait dénoncé une alliance criminelle entre anciens opposants à Aristide et partisans de son retour qui risque de conduire le pays au chaos. En février, cette alliance avait été dénoncée par la police. Le diplomate avait déclaré que le temps de l’action était arrivé tout en renouvelant son appui à la Police nationale et à la Minustah. James Foley avait également mis à l’index les secteurs opposés à la tenue des élections générales de la fin d’année. De toute évidence , selon des observateurs, l’action menée, le week-end écoulé, par policiers haïtiens et étrangers représente un coup dur au banditisme politique après des semaines de violences à la capitale marquées par l’attaque spectaculaire en plein jour, le 29 mars, contre le local du Conseil électoral provisoire. C’est aussi, relèvent plus d’un, un point marqué par les autorités haïtiennes et la mission de paix de l’ONU au moment où une importante mission du Conseil de Sécurité couplée d’une tout aussi importante mission du Conseil économique des Nations Unies entame une visite de plusieurs jours dans le pays.

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