La presse américaine divisée sur l’élection de Préval en Haïti

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L’accord intervenu pour proclamer la victoire de René Préval à l’élection présidentielle en Haïti «constituait la meilleure voie disponible pour se tirer d’une mauvaise situation qui risquait de dégénérer», estime vendredi le New York Times dans un éditorial. Le vainqueur du scrutin du 7 février «dispose maintenant d’une petite marge de manoeuvre pour aller de l’avant, à condition qu’il fasse preuve de sagesse», estime le quotidien. «Il devra tendre la main à ses opposants, tout en réfrénant ses partisans capables de s’engager facilement dans la violence, et dont il a hérité de son mentor Jean Bertrand Aristide», commente le Times. Le New York Times dresse un bilan globalement négatif de la première présidence Préval (1996-2001) mais estime qu’une part de responsabilité en incombait à l’ex-président déchu Jean Bertrand Aristide. «Si M. Préval laisse une fois de plus M. Aristide en charge de la situation, les problèmes pourraient resurgir. S’il maintient M. Aristide à distance (exilé en Afrique du Sud), il pourrait voir son soutien populaire s’effilocher rapidement. Quelques soient les circonstances, Haïti aura besoin du soutien international pour encore longtemps», conclut le journal. Pour l’éditorialiste du Miami Herald, les évènements de ces derniers jours en Haïti «offrent une bonne leçon sur les moyens de résoudre des différends politiques, par la négociation et le compromis, pour le bien général». «Pour la première fois depuis des années, Haïti a des raisons d’espérer», ajoute le journal en notant toutefois que les problèmes de ce pays «ne disparaîtront pas du jour au lendemain». «Ancien président, M. Préval aura maintenant une chance de montrer ce qu’il est capable de faire, maintenant qu’il est débarrassé de l’ombre de son ancien allié le président déchu Jean Bertrand Aristide (…) Il ne manquera pas d’ouvrage», conclut le Miami Herald. Pour sa part, dans une analyse, le Wall Street Journal regrette les pressions exercées sur l’opposition haïtienne pour accepter la victoire de M. Préval. «C’est dommage. L’Histoire montre que céder à la violence conduit à de piètres résultats et on voit difficilement comment il en sera autrement avec cette expérience de politique d’apaisement», ajoute le journal. «Le succès des gangs armés cette semaine va probablement encourager la poursuite des violences, à moins que le président (Préval) n’imprime un changement de direction. Il a une chance de le faire. Durant les manifestations, les chefs de bandes affirmaient qu’ils ne remettraient leurs armes qu’au président Préval. Ils ont maintenant un président Préval. Nous verrons ce qui se passera».Sources: AFP

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