L’ambassadeur des Etats-Unis en Haïti prend ses distances avec le projet du gouvernement d’élaborer une loi sur la presse

L’ambassadeur américain à Port-au-Prince, Brian Dean Curran, souhaite que les journalistes définissent leur propre cadre pour règlementer le fonctionnement de la profession en Haïti. Dans une déclaration à l’occasion du jour mondial de la presse, le 3 mai 2002, le diplomate a indiqué que la liberté de la presse en Haïti dépendra de son auto-régulation. Ces commentaires du chef de la représentation américaine en Haïti interviennent à un moment où le pouvoir lavalas tente d’élaborer une loi sur la presse par le biais de la secrétairerie d’Etat à la Communication récemment créée. Avant l’ambassadeur américain, le représentant de l’UNESCO en Haïti Bernard Hadjadj paraphrasant le secrétaire général des Nations-Unies Koffi Annan, le 2 mai dernier à l’occasion de la remise du prix « Jean Dominique » sur la liberté de la presse, avait invité le gouvernement à ne pas céder à la tentation de vouloir controler la presse. Dans sa déclaration, l’ambassadeur des Etats-Unis a rappelé les sacrifices consentis par certains journalistes au cours de cette année qui a vu au moins une trentaine de travailleurs de la presse tués dans le monde dont un en Haïti, Brignol Lindor le 3 décembre 2001 dans la zone de Petit-Goave. Brian Dean Curran a salué le professionnelisme des journalistes haïtiens et a souligné la passion et le courage dont la corporation fait montre pour une presse indépendante et libre. Le diplomate américain a aussi fait remarquer qu’une presse indépendante et libre à la responsabilité d’informer le public dans l’intérêt de tous les secteurs et du pays tout entier. Pendant ce temps, Jean Bertrand Aristide s’en prend à Reporters Sans Frontières (RSF) qui a placé son nom sur la liste des prédateurs de la liberté de la presse dans le monde. M. Aristide a même qualifié de raciste la décision de RSF qui a retenu 38 prédateurs dans son rapport annuel. Toujours à l’occasion du 3 mai, le chef de l’Etat a, par ailleurs, exprimé sa solidarité aux membres de la presse haïtienne. Il a du même coup pris des engagements de favoriser la liberté de la presse. La Convergence Démocratique prend le contre pied des commentaires du président Aristide sur la décision de RSF. Selon l’Opposition, par la voix de Evans Paul, le chef de l’Etat devait reconnaitre que la liberté de la presse est menacée sous son régime. La Convergence apporte son plein soutien aux membres de la presse et juge cyniques les déclarations de M. Aristide, d’autant que, souligne-t-elle, les membres de la presse tués sous lavalas n’ont toujours pas obtenu justice. Evans Paul indique que la situation est inquiétante dans la mesure où les noms des proches du pouvoir sont cités dans l’exécution des assassinats de Jean Léopold Dominique et Brignol Lindor. Le dirigeant du KID rappelle au président de la République que la presse est le miroir de la société.

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