Le BK associé au VIH/SIDA un problème majeur de santé publique

Alors que les projections faites dans les années 80 laissaient entrevoir la possibilité d’enrayer la tuberculose en Haïti, le VIH/Sida fait son apparition et remet en question les stratégies développées dans le cadre de la lutte contre le bacille de koch (BK). On a vite compris que le VIH s’attaque principalement au système immunitaire humain qui, en l’affaiblissant progressivement, ouvre la voie à toutes sortes d’infections. Selon des études réalisées, 40 à 50% des patients VIH/positif développent une tuberculose pulmonaire pendant les deux premières années de son infection. C’est-ce qui explique pourquoi la qualité de vie des sidéens exposés à une tuberculose non traitée se détériore plus rapidement. De même qu’un tuberculeux VIH/positif est très vulnérable aux infections opportunistes. Le traitement, dans les deux cas, est extrêmement difficile compte tenu de l’interaction entre les médicaments utilisés.Le BK et le VIH non encore maitrisés« La tuberculose liée au VIH/SIDA est un problème majeur de santé publique », a affirmé le docteur Gabriel Thimothé. L’expert en infections sexuellement transmissibles et consultant à l’Unité de Coordination et de contrôle de la lutte contre le Sida (UCC) fait remarquer que, jusqu’à présent, ces deux infections ne sont toujours pas maitrisées en Haiti. En dépit des efforts considérables déployés de 93 à nos jours, le nombre de cas de TB est en augmentation constante en Haïti. Le DOTS, le système de traitement directement observé a, néanmoins, permis d’éviter des pics dans la prévalence de la maladie à l’échelle nationale. Les campagnes de sensibilisation qui, d’ailleurs, se poursuivent ont contribué à une certaine « destimagtisation de la maladie ». Mais, la bataille est loin d’être gagnée quant on sait que la tuberculose est liée aux problèmes socio-économiques.Le docteur Gabriel Thimothé rappelle qu’un espace mal ventilé et mal entretenu favorise la propagation du BK d’une personne infectée à une autre non infectée. La promuscuité est aussi un facteur important de la dissémination des germes de la tuberculose, explique-t-il. Zéro/TB, c’est possibleMalgré ces faits, l’expert haitien estime que l’objectif « Zéro/Sida » peut être atteint un jour. Mais, faudrait-il bien que les campagnes d’éducation soient renforcées et que les services de prise en charge soient accessibles. « C’est encore possible d’atteindre cet objectif mais cela ne se fera pas du jour au lendemain », soutient-il.Cette prise en charge dont on parle doit être intégrée. Il va falloir non seulement administrer des médicaments aux patients tuberculeux mais aussi et surtout les encadrer. En d’autres termes se soucier de leur alimentation, de leur réhabilitation physique, de leur éducation et de leur réintegration dans la vie sociale.Mais pour ce qui concerne le VIH/SIDA, le docteur Gabriel Thimothé ne se fait pas trop d’illusion. « Il sera beaucoup plus difficile d’atteindre l’objectif Zéro/Sida même après des années, aussi longtemps qu’un vaccin ou un médicament anti-Sida ne soit élaboré et accessible même aux plus démunis », a-t-il fait remarquer. On se le rappelle, jadis, les tuberculeux faisaient l’objet de discrimination et de stigmatisation. Aujourd’hui que les médicaments sont disponibles et que les traitements sont efficaces à 100% ou presque, les patients acceptent leur statut et ne se laissent plus traiter en parent pauvre. Toutefois, des patients tuberculeux se referme sur eux même et se considèrent comme des proscrits de la société. Points forts et points faiblesPuisque le VIH et le bacille de koch sont assez souvent liés, les résultats recherchés résident dans des stratégies communes. « Nous devons aborder en même temps les deux infections », soutient le docteur Gabriel Thimothé. Il met l’accent sur la prévention, la mobilisation sociale et la prise en charge intégrée. Cette approche qui consiste à combiner les deux programmes et à mener des actions concertées permet de diminuer les coûts. Selon l’expert haitien, des programmes isolés ne permettent pas d’atteindre les objectifs escomptés.Ce qui nous porte à souligner les points faibles tels : l’absence d’une unité efficace de commandement de la lutte commune et les programmes séparés développés dont les résultats sont moins visibles. Les points forts de l’approche conjointe sont, entre autres, la polyvalence des ressources humaines, la capacité d’effectuer des tests de dépistage dans un même centre et une meilleure connaissance de l’interaction des médicaments utilisés dans le traitement des infections opportunistes. A date, le processus d’intégration est en branle et une certaine collaboration en terme de partage d’informations et d’expertise est constatée, selon le docteur Gabriel Thimothé. Et il y a une grande synergie, dit-il, qui se développe dans le cadre de cette lutte contre le Sida et la Tuberculose en Haiti. Dans le monde, l’incidence enregistrée en 2003 s’élèvait à 8,8 millions de nouveaux cas, la prévalence est de 15,4 millions pour une mortalité de 1,7 million. L’infection touche un tiers de la population mondiale et tue 5.000 personnes par jour.Texte de Cossy Roosevelt, lauréat du concours Stop TB de Panos Caraïbe/Haïti

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