Le Brésil lance la diplomatie du ballon contre les armes

274

La prestigieuse équipe de football du Brésil a décidé de s’investir pour aider au retour à la paix civile en Haïti, l’un des pays les plus pauvres et les plus violents de la planète où le ballon rond fait l’unanimité. A l’initiative du Premier ministre haïtien par intérim Gérard Latortue, la Seleçao disputera le 18 août sur l’île caraïbe un match contre l’équipe nationale pour lequel les spectateurs obtiendront des billets en échange de leurs … armes. Concrètement, les miliciens pourront échanger leurs armes contre des billets une semaine avant la rencontre Brésil-Haïti à laquelle pourrait assister le président brésilien Liuz Inacio « Lula » da Silva. « Nous ne tenons pas à ce que le match soit entaché de violence », a expliqué mardi Ricardo Teixeira, président de la Fédération brésilienne de football. Les plus grandes vedettes du « football-samba » comme Ronaldo et Ronaldinho pourraient ainsi venir en Haïti pour cette initiative destinée à épauler les 1.200 casques bleus brésiliens présents sur place dans leur délicate mission de désarmement des milices. « Ronaldo insiste pour venir, de même que le sélectionneur national Parreira », a déclaré Ricardo Teixeira. « Nous devons tous au Brésil apporter notre contribution pour mettre un terme aux années de violence ». UN PRECEDENT, EN 1969, AU CONGO Le football est roi en Haïti où, à la suite de la misère et de l’insécurité consécutive au soulèvement contre le président Jean-Baptiste Aristide, renversé fin février, la Fifa a interdit toutes les rencontres internationales. Pour Gérard Latortue, inventeur de cette « diplomatie du ballon contre les armes », la présence d’une poignée de vedettes du football brésilien risque de se révéler bien plus efficace que celle des milliers de casques bleus pour faire déposer les armes aux miliciens. Le président « Lula » avait déjà pris la sage précaution d’expédier sur l’île, en même temps que ses casques bleus, un millier de ballons et de maillots blancs destinés à la population locale.Aujourd’hui, celle-ci supplie les Brésiliens de lui fournir les illustres maillots jaune et vert de la Seleçao. Cinq mille d’entre eux sont déjà en route avant le match, a assuré le ministre brésilien des Sports, Agnelo Queiroz. L’initiative brésilienne a en fait déjà un précédent: le grand Pelé aurait, dit-on, réussi par le passé à arrêter momentanément des conflits armés en Afrique par la simple magie de ses dribles légendaires. On raconte ainsi qu’en 1969, les rebelles de l’ancien Congo belge (aujourd’hui RDC) auraient déposé les armes lors de la venue du « roi Pelé » et de son club du Santos à Kinshasa ainsi qu’à Brazzaville, de l’autre côté du fleuve, pour des matches contre les équipes locales. Les combats avaient repris une fois partie l’équipe brésilienne. BRASILIA (Reuters) mercredi 30 juin 2004

Publicité