Le Brésil menace de se retirer d’Haïti

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Le ministre des Affaires Étrangères brésilien, Celso Amorim, a menacé cette semaine d’effectuer le retrait des troupes brésiliennes d’Haïti dans un délai de six mois, si la Communauté internationale ne participe pas effectivement au processus de reconstruction du pays. « Si nous percevons que des obstacles se dressent et que, tant en ce qui concerne les Haïtiens que la communauté internationale, la seule attente qui se manifeste se situe au niveau de la répression, nous devrons alors examiner la participation brésilienne à la mission (de l’ONU) », a déclaré le Chancelier brésilien, selon des propos relayés par la presse latino-américaine, consultée par AlterPresse. Amorim a fait ces déclarations à l’issue d’une visite d’une journée effectuée en Haïti le 21 décembre écoulé, au cours de laquelle il a signé des accords de coopération avec les autorités haïtiennes. Le Chef de la diplomatie brésilienne a fait savoir que si tout va bien, les troupes brésiliennes resteront en Haïti jusqu’aux prochaines élections, prévues pour la fin de l’année 2005. Amorim a souligné que la tâche de reconstruction d’Haïti n’est pas facile. Outre la situation économique précaire, il a mentionné le banditisme et la violence politique qui sévissent en Haïti. Cette situation, a-t-il fait remarqué, entrave le développement de la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation d’Haïti (MINUSTAH). Le contingent brésilien constitue la plus grande part des troupes de la MINUSTAH, avec environ 1200 hommes sur 6700 prévus. L’effectif attendu n’est toujours pas complet. En réactions aux appréhensions manifestées par Amorim, le Chef de la MINUSTAH, le diplomate chilien Gabriel Valdes, qui s’exprimait dans la presse chilienne, a dit « partager les inquiétudes du Chancelier ». Suite à une mission en Haïti en novembre dernier, Marco Aurélio Gracia, émissaire du Président brésilien Ignacio Lula da Silva, avait souligné le risque d’un échec de la MINUSTAH en Haïti. « S’il y a crise aujourd’hui en Haïti c’est parce que la communauté internationale n’a jamais endossé sa responsabilité dans ce pays », avait déclaré Garcia lors d’un débat organisé par le quotidien français Le Monde. « La communauté internationale a échoué plusieurs fois en Haïti », avait-il rappelé Marco Aurélio Garcia avait lancé un appel en faveur du déblocage des fonds promis par la communauté internationale. « Trouvez un mécanisme, n’importe quoi, mais faites quelque chose ! » s’était-il exclamé. Alter Presse, 23 décembre 2004.

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