Le bronze pour Dorival et Haïti à Edmonton.

Quelques semaines après avoir remporté l’or aux jeux de la francophonie, Dudley Dorival est revenu au Canada, plus confiant et plus motivé que jamais. À son arrivée, il est très discret, son titre ne semble impressionner personne, et on fait peu cas de lui. Les caméras de télévision ne s’attardent pas trop sur ce garçon qui, après chaque course, rentre rapidement préparer la prochaine. Il ne termine pas premier et ne semble constituer aucune menace… Mais Dudley est tenace, son style est efficace. Sans forcer la note, il se qualifie pour les demi-finales, après les deux (2) tours préliminaires. Là, il réalise le huitième temps, pour la huitième et dernière place de la finale. Pas de quoi fouetter un chat: il ne fait pas de bulle dans la nasse. Hier soir au stade du Commonwealth, à 9 heures 15, 60 000 paires d’yeux attendent le départ de la finale d’une discipline qui a été pendant longtemps dominée par l’Américain Edwin Moses, au début des années 80, l’ancienne idole de Dudley. 13 secondes et 4 centièmes plus tard c’est un autre Américain qui l’emporte: Allen Johson, le favori. Il devance le Cubain Anier Garcia et …Dudley Dorival, l’Haïtien, à 21 centièmes derrière. DD a jailli des starting-blocs, a couru comme à l’ordinaire, a sauté sa dizaine de haies, pour ravir sur le fil, la médaille de bronze à un autre camarade de Castro, Yael Hernandez. Pas de quoi crier? Pas de quoi hurler? Aux termes de ces 14 secondes je suis sans voix, sans souffle, je viens d’exploser au départ, je viens de courir avec DD, je viens de sauter avec lui, nous avons poussé le buste ensemble pour remporter le bronze. La médaille est autour de son cou mais la fierté qui gonfle son coeur emplit aussi le mien. Haïti n’est pas sur le toit du monde en 110 mètres haies, mais nous avons le troisième meilleur spécialiste mondial de la discipline. Et croyez-moi, ce n’est pas mal, pas mal du tout.V.F.

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