Le changement climatique a déjà atteint les Caraïbes

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Le changement climatique menace les moyens de subsistance de millions de personnes dans la région des Caraïbes qui comptent sur des secteurs d’activités comme l’agriculture et du tourisme pour survivre. La rédaction de radio Métropole Haïti vous propose la traduction de cet article intéressant sur les diverses manifestations du changement climatique dans la région. Le changement climatique « L’avenir de notre planète semble assez sombre. Le dernier rapport publié par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) dresse un tableau inquiétant : le changement climatique est là pour rester, et nous ne sommes pas encore prêts à y faire face. Les événements météorologiques extrêmes – des ouragans aux inondations en passant par les sécheresses – ne laissent pratiquement aucun coin de notre planète intact. Le chaos climatique infligera sans doute des dégâts aux pays riches, mais personne n’est plus vulnérable que les pauvres du monde. La région de l’Amérique latine et des Caraïbes est le lieu de concentration de dizaines de pays à revenu faible ou à revenu intermédiaire et qui luttent encore pour se développer. Beaucoup dépendent des eaux chaudes et du doux climat des Caraïbes pour soutenir leur agro-industrie et leur industrie touristique. Le changement climatique menace les moyens de subsistance de millions de personnes dans la région qui comptent sur ces secteurs pour survivre. Les Caraïbes Les petits États insulaires des Caraïbes dépendent de l’océan comme source de nourriture et de revenus. La pêche a été une activité traditionnelle de la région pendant des siècles, et le poisson y restera un aliment de base. Toutefois, cette forte dépendance de l’océan pour se nourrir peut être bouleversé par le changement climatique. Selon un rapport récent, les océans de la planète verront une augmentation de 170 pour cent de l’acidité d’ici la fin du siècle, ce qui pourrait s’avérer dévastatrice pour les stocks mondiaux de poissons qui sont déjà surexploités. Antigua et Barbuda Dans le petit pays d’Antigua et Barbuda, un trop grand impact de cette situation sur la population de poissons aurait des conséquences désastreuses. Situé dans l’ouest des Caraïbes, Antigua-et-Barbuda est le plus grand consommateur de poissons par habitant au monde. Non seulement les Antiguais consomment beaucoup de poissons, mais la localisation de leur pays leur assure une position privilégiée pour l’exportation de produits de la pêche vers les marchés rentables de Porto Rico et de la zone continentale des États-Unis. L’exportation des produits de la pêche d’Antigua est actuellement évaluée à 1,5 millions de dollars. Pour les pêcheurs qui essaient de gagner leur vie et les ruraux pauvres qui dépendent de cette industrie pour la nourriture, l’avenir des ressources de pêche paraît sombre. Dans d’autres pays, l’industrie de la banane est menacée. Les bananes cultivées sur la petite île de la Dominique apportent un bénéfice annuel de 68 millions de dollars, une précieuse source de devises pour ce petit pays. Le secteur de la banane est également le deuxième plus grand employeur de l’île, ce qui représente 6,000 emplois pour une population d’un peu plus de 70.000. En 2007, l’ouragan Dean a ravagé l’île, décimant ce secteur vital. La veille de Noël 2013, jour traditionnellement réservé au shopping et à la préparation de la grande fête du jour de l’an, les Dominicains se réveillèrent sous de fortes pluies qui causèrent des inondations massives et des glissements de terrain dans toute l’île. Le changement climatique promet d’être encore plus destructeur avec la saison cyclonique qui met en péril le commerce de la banane et l’économie dominicaine. La région ne dépend pas seulement des exportations, elle interpelle les gens avec ses plages de sable fin, ses eaux bleu saphir, ses plantes exotiques et sa vie marine colorée, et de nombreux pays de la région comptent sur secteurs en plein essor du tourisme. Jamaïque L’industrie du tourisme de la Jamaïque, par exemple, est une source de revenus d’environ 2 milliards de dollars par année pour le pays , elle équivaut à près de cinquante pour cent de ses recettes en devises et fournit un quart de tous les emplois sur l’île. L’élévation du niveau de la mer devrait inonder des zones côtières très fréquentées par les baigneurs. Une étude de la Banque mondiale a constaté qu’une augmentation de 1 mètre du niveau de la mer pourrait détruire soixante pour cent des zones humides côtières dans les Caraïbes et les pays en développement. Les ouragans plus intenses, les pluies et les glissements de terrain sont tous des menaces pour le secteur du tourisme de l’île. Bien que les touristes peuvent causer d’importants dommages à l’environnement, ce pays parvient à prouver qu’un secteur du tourisme respectueux de l’environnement en plein essor peut être lucratif. L’industrie du tourisme durable du Costa Rica, qui a remporté d’innombrables prix, a réalisé près de 2,2 milliards $ en 2012 seulement. Costa Rica En 2013, le globe-trotter Larry Kraft a emmené sa famille dans la région de Monteverde au centre-nord du Costa Rica. Située à une altitude de 4,500 pieds, Monteverde est fameux pour ses forêts de nuages, la tyrolienne, la randonnée et la faune. Les tour-opérateurs vantent constamment leurs pratiques durables et expliquent comment les recettes perçues sont consacrées à la conservation de l’environnement. Malheureusement, cette destination touristique respectueux de l’environnement a déjà commencé à voir les impacts négatifs du changement climatique.Des membres de la communauté de Monteverde se sont confiés à Kraft sur les conditions météorologiques inquiétantes observées au cours de la saison des pluies. La pluie était autrefois tellement prévisible que les résidents pouvaient planifier leurs activités en fonction des pluies quotidiennes lourds. Mais ces dernières années, il y a eu des saisons où la pluie n’a pas été au rendez-vous. Cela a conduit à des pénuries d’eau au sein de la communauté et l’eau est devenue insuffisante pour les exploitations situées en aval. 76 pour cent de l’électricité du Costa Rica provient de centrales hydroélectriques dans le bassin versant de Monteverde, l’absence de fortes pluies a également causé des rationnements d’électricité dans la région. Haïti La sécheresse est catastrophique particulièrement pour les pays pauvres avec de faibles secteurs agricoles. En Haïti, la sécheresse dans la région nord-est anéantit les récoltes et le bétail, menant à la perte de deux saisons de récolte. Selon un responsable de l’Unité de coordination de la sécurité alimentaire nationale par le gouvernement, la sécheresse est à l’origine d’une  » extrême urgence  » dans la région. Encore sous le choc de sa séisme de 2010 et mal développée après des décennies d’intervention des États-Unis, l’instabilité interne et les politiques prédatrices internationales de «développement», la sécurité alimentaire en Haïti était déjà pour le moins précaire.La sécheresse, qui a persisté pendant huit mois, a laissé les agriculteurs sans eau pour les cultures, pour la boisson ou pour cuire les repas. Les enfants affamés peuplent les écoles qui proposent une cantine scolaire mais il n’y a pas assez d’eau pour préparer la nourriture. D’autres écoles ont tout simplement pas de nourriture ou pas d’eau du tout. La population dans le nord de Haïti a besoin de secours immédiats , mais les experts prédisent qu’il faudra au moins six mois pour que la région soit en mesure de récupérer une certaine stabilité. Mexique Le Mexique est confronté à des problèmes similaires. En 2012, la région du nord du Mexique a vécu des records de sécheresse. Bien que la région soit généralement aride et que les périodes de sécheresse lui soient familières, des experts du climat s’inquiètent de la durée et de la fréquence des pénuries récentes. La sécheresse qui a sévi de façon prolongée dans le sud des États-Unis en 2012 n’était pas seulement une période de sécheresse de plus, mais un signe évident de l’évolution du climat dans le nord du Mexique.Le plus grand État du Mexique, Chihuahua, a subi de dures épreuves au niveau de l’élevage et de la production agricole. Entre juillet 2011 et juillet 2012, 350.000 bovins sont morts de faim. Et tandis que l’État produit normalement 100.000 tonnes de maïs par an, en 2011, il n’en a produit que .. 500 tonnes. Les producteurs de maïs ont perdu 65 millions de dollars. La perte de cultures et de bétail conduit à la faim et paralyse la capacité des agriculteurs à subvenir à leurs besoins ou à participer à leur économie, ce qui entrave le développement.Le changement climatique – on ne peut nier ou changer ce fait – a déjà terrassé les économies de l’Amérique latine et de la région des Caraïbes . En regardant vers l’avenir, le meilleur des experts régionaux et des professionnels du développement ne peuvent qu’inviter les parties prenantes à se concentrer sur l’atténuation et la réduction des risques. Si le changement climatique est pris à la légère, s’il n’est pas considéré comme un risque à la fois incontournable et très grave, les conséquences pour la région seront catastrophiques ».HA/radio Métropole Haïti Source : TheNation.com and Foreign Policy In Focus Photo : une victime de la sécheresse dans le nord-ouest d’Haiti Crédit photo : Reuters/Amelie Baron

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