Le Chef du Gouvernement à bout de patience

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La prestation du premier ministre Jean Marie Chérestal à la Commission Finances du Sénat, le mardi 23 octobre, a mis à nu l’état lamentable de ses rapports avec le ministre de l’intérieur, Henri Claude Ménard. Les deux hommes ne se supportent plus. Et le chef du gouvernement entend sévir contre le titulaire de l’intérieur et des Collectivités qui a contourné sa décision relative à la gestion du fonds de livraison en urgence des passeports. Cette tâche est apparemment difficile pour le locataire de la Villa d’Accueil. A bien entendre et comprendre le premier ministre Jean Marie Chérestal, il exprime son inconfort, son malaise, sa frustration à la primature. En évoquant l’insubordination de l’un de ses subalternes nommé par consensus avec le président de la République, le chef du gouvernement traduit clairement son impuissance. Une situation délicate pour un responsable au pouvoir dont les décisions sont contournées par un dépendant qui de plus, affiche non seulement son insubordination mais aussi son opposition à lui. A preuve, la démarche du ministre de l’intérieur Henri Claude Ménard de rendre opérationnel un nouveau guichet au service de l’immigration, ce que le premier ministre a lui même qualifié de la “forfaiture de l’avenue John Brown « . Cette expression se veut une façon élégante pour le premier ministre haïtien de manifester son désaccord avec les agissements du ministre de l’intérieur dans ce dossier. Le dictionnaire  » Le Petit Robert  » définit le terme forfaiture comme un manque de loyauté ou un crime dont un fonctionnaire public se rend coupable en commettant des infractions graves dans l’exercice de ses fonctions. En accusant son ministre de l’intérieur d’insubordination et de forfaiture, Jean Marie Chérestal a haussé le ton et sans doute franchi le rubicon car il l’a martellé:  » on ne peut accepter l’inacceptable » . Henri Claude Ménard devrait donc à nouveau s’expliquer au Sénat d’autant que qu’il s’agit d’une affaire de fonds. Un fonds qui dans le temps servait aux activités de renseignement du gouvernement. Qui a l’autorité de fermer un compte budgétisé ou extrabudgétaire? Quelle est l’utilisation faite de ces fonds? Pourquoi faut-il payer 250 gourdes de plus pour avoir un passeport en urgence? Pourquoi les dirigeants ne s’arrangent pas de façon à améliorer le service de livraison des passeports? Autant de questions à répondre. En tout cas, qu’il s’agisse du premier ministre ou du ministre de l’intérieur accusé d’insubordination ou de forfaiture, la situation est délicate pour les deux (2) hommes d’Etat surtout pour le premier ministre qui visiblement semble ne pas avoir la latitude de démissionner. Pour sa part, Henri Claude Ménard incriminé parait plutôt prendre du poil de la bête. Cette partie de bras de fer engagée entre le ministre de l’intérieur et le premier ministre pourrait perser lourd sur l’avenir de ce gouvernement même si Jean Marie Chérestal semble appelé à faire cavalier seul. Au Grand Corps ce mardi 23 octobre, la rencontre du premier ministre avec les sénateurs lavalas a failli tourner au vinaigre. Des sources rapportent que M. Chérestal était sur le point de claquer la porte au nez des parlementaires. Jean Marie Chérestal visiblement emporté déclare miser sur le président Aristide pour trancher le différend avec Henri Claude Ménard. Depuis l’éclatement des scandales au sein de son parti , le chef de l’Etat garde un profil bas.

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