Le Conseil de sécurité de l’Onu au chevet d’Haïti

Le Conseil de sécurité de l’Onu, réuni au niveau ministériel, a marqué mercredi son engagement en faveur d’une transition politique pacifique en 2005 en Haïti, malgré les difficultés persistantes de ce pays dévasté par la violence et la pauvreté. Le Conseil a adopté une déclaration réaffirmant le « mandat étendu » de la Mission de stabilisation des Nations unies en Haïti (Minustah) –récemment renouvelé jusqu’au 1er juin 2005– ainsi que le soutien du Conseil à une présence de l’Onu dans le pays « aussi longtemps que possible ». Le Conseil appelle les Etats membres et les organisations internationales à soutenir le gouvernement de transition haïtien et se félicite du rôle de la Minustah dans son action récente, conjointement avec la police haïtienne, pour désarmer les groupes armés illégaux. En référence aux violences continues dans l’île, qui subit un « tsunami socio-économique depuis 200 ans » selon le ministre brésilien des Affaires étrangères Celso Amorim, le texte appelle toutes les parties haïtiennes à « respecter les droits de l’homme et renoncer à la violence comme moyen d’atteindre leurs buts ». Il engage le gouvernement de transition à créer sans délai la Commission nationale sur le désarmement, la démobilisation et la réinsertion (DDR). Il « appelle au prompt versement des fonds promis par les institutions financières internationales et par les pays donateurs lors de la conférence des donateurs de juillet 2004 ». Le Conseil appelle le gouvernement de transition à « prendre de façon urgente, avec l’aide de la Minustah et de l’Organisation des Etats américains (OEA), les mesures nécessaires pour assurer la tenue d’élections libres et équitables en 2005 et le transfert du pouvoir à des autorités élues ». Il « encourage toutes les parties ayant renoncé à la violence à participer à ces élections », prévues pour l’automne. Celso Amorim a rassuré sur les intentions de son pays, affirmant qu’il était « profondément engagé en Haïti, politiquement et émotionnellement, et pour le long terme ». Lundi dernier, il avait envisagé publiquement de retirer les 1.200 soldats brésiliens de la Minustah, soit le plus gros contingent (sur un total de 4.790), en déplorant le manque d’appui international à la mission de l’Onu dirigée par le Brésil. Mercredi, il a souligné que le Brésil venait de signer avec la Banque mondiale « le premier accord jamais signé par un pays en développement pour aider un autre pays en développement ». La Banque mondiale a débloqué jeudi 73 millions de dollars sous forme de crédit et de dons pour le financement de l’effort de reconstruction en Haïti. Le secrétaire d’Etat français aux Affaires étrangères, Renaud Muselier, a expliqué que ce débat public visait notamment à « maintenir la mobilisation internationale sur Haïti ». « Les urgences récentes ne doivent pas faire oublier les autres crises », a-t-il dit, faisant allusion à la mobilisation mondiale en faveur des victimes des tsunami dans l’océan Indien. Il a souligné la nécessité que les récentes promesses de fonds (FMI, Banque mondiale, pays ou groupes de pays) pour Haïti se traduisent par « un décaissement concret » et que des projets d’infrastructure soient entrepris rapidement pour améliorer la vie quotidienne des Haïtiens. « C’est une course contre la montre », a-t-il affirmé. « Renforcer les institutions, les rendre solides et pérennes, remettre en route une démocratie, tout ça doit aller de concert. Mais tout ceci n’est crédible que si, au-delà des institutions, du processus électoral, vous avez une reconstruction économique qui fait travailler les Haïtiens et que ceux-ci voient un changement », a-t-il ajouté. AFP, New York, 12 janvier 2005.

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