Le gouvernement Lavalas a failli dans la mise en oeuvre de certains points de la 822, déclaration du Secrétaire général de l’OEA

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Dans le troisième rapport achevé peu avant l’arrivée de la Délégation de Haut Niveau en Haïti ( 19-20 mars 2003) couvrant la période du 4 janvier au 4 mars , le secrétaire général de l’Organisation des Etats Américains (OEA), César Gaviria, soutient que l’impasse actuelle ne peut plus durer . Le numéro 1 de l’OEA fait remarquer que le gouvernement haïtien a failli dans la mise en oeuvre de certains points de la Résolution 822 qui pourrait ramener la confiance chez la population. Cependant, M. Gaviria rappelle que la 822 adoptée en septembre 2002 impose des obligations à tous les protagonistes. En ce qui a trait aux accusations sans cesse de maintien de sanctions économiques portées par le Pouvoir contre la Communauté Internationale, le secrétaire général de l’OEA rappelle que les institutions internationales de financement ont toujours évoqué la question des arriérés de paiement pour justifier le non décaissement des fonds. Toutefois, César Gaviria note des progrès dans la mise en application de la 822 notamment en ce qui concerne le versement de 50 millions de gourdes à l’Organisation du Peuple en Lutte (OPL – Opposition) dans le cadre des réparations pour les victimes des violences du 17 décembre 2001. Cependant , il souligne que des enquêtes criminelles menées au sujet de ces évènements continuent d’être imparfaites et dénonce des lacunes et lenteurs dans ce dossier. M. Gaviria fait aussi état de l’affaire Rosemond Jean (défenseur des sociétaires victimes détenu depuis plusieurs mois) , la confiscation du passeport du magistrat Marcel Jean chargé de l’enquête sur le fugitif Amiot Métayer, la détention prolongée de Prosper Avril voire le désaccord entre l’Association Nationale des Magistrats (AMANAH) et le ministre de la justice autour de la mise en disponibilté du juge Josiard Agnant. Sur le plan de la sécurité, César Gaviria fait état d’un ensemble de faits préoccupants en Haïti notamment la violence des rues qui se répand jusqu’au centre hospitalier de Port-au-Prince, les attaques armées contre des commissariats de Police, les actes de violence et d’intimidation contre les membres de la presse, l’assassinat de militants politiques tant de l’opposition que du parti au Pouvoir, la poursuite des luttes entre les gangs rivaux à Port-au-Prince notamment à Cité Soleil. Autant de faits qui préoccupent, selon César Gaviria, la Mission spéciale de l’OEA en Haïti. Dans le chapitre traitant du désarmement, le secrétaire général de l’OEA dénonce ce qu’il appelle “la prolifération des armes illégales et leur utilisation à des fins criminelles”. Ces dossiers demeurent préoccupants, écrit César Gaviria. La Police Nationale d’Haiti est reconnue capable d’assurer une protection effective lors des manifestations de rues et les réunions publiques, poursuit M. Gaviria . Le passage de la caravane de l’espoir à Jacmel et l’une des manifestations des étudiants contre l’assassinat de l’un de leurs compagnons en sont des exemples cités dans le rapport. Mais la Police est toujours critiquée en ce qui concerne les problèmes liés au respect de la hiérarchie. La corruption, la politique, la réintégration dans les rangs de la Police des officiers révoqués pour violation des droits de l’homme ou implication dans des crimes et trafic de drogue affectent l’image de l’institution, déplore le rapport . Le document de l’OEA qui couvre la période du 4 janvier au 4 mars 2003 souligne que la situation demeure très inquiétante. L’impasse politique a été renforcée depuis le lancement de la campagne publique destinée à forcer le Président Jean Bertrand Aristide à démissionner qui a pris de l’ampleur au Cap-haïtien vers la mi-novembre dernier et la décision du chef de l’Etat de désigner des membres requis pour le Conseil Electoral Provisoire (CEP) , ce qui a provoqué des controverses, indique le texte. César Gaviria réaffirme la foi de l’OEA dans la Résolution 822 qui indique la voie de sortie de crise en Haïti.

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