Le pouvoir Lavalas à nouveau éclaboussé par une affaire mettant en cause les plus hautes autorités du pays.

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Le juge d’instruction de Saint Marc , Henry Kesner Noël,qui a quitté le pays la semaine écoulée, accuse des membres du gouvernement de l’avoir forcé à inscrire le nom de l’ex-président du gouvernement militaire, Prosper Avril , dans le dossier du massacre des paysans de Piattre , survenu le 12 mars 1990. Dans une interview accordée à Radio Carnival à Miami, le juge Henry Kesner Noël révèle que des proches du président Aristide dont le secrétaire d’Etat à la sécurité publique ,Jean Gérard Dubreuil , le commissaire du gouvernement de Saint Marc , Frénot Cajuste , les avocats Calixte Delatour , Bayard Vincent et Mario Joseph lui ont indiqué que le chef de l’Etat voulait relancer le dossier Avril. Le magistrat, actuellement aux Etats-Unis d’Amérique , a indiqué que la décison lui a été communiquée le samedi 13 et le lundi 15 avril 2002 à l’occasion d’une réunion tenue au bureau du secrétaire d’Etat à la sécurité publique , à Port-au-Prince . Le juge instructeur a poursuivi que Maitre Calixte Delatour lui a indiqué que le président de la république , Jean Bertrand Aristide , avait suggéré de remettre en branle le dossier Avril . Dans une autre interview accordée à Radio Quisqueya à Port-au-Prince , avant son départ , Maitre Noël , a également révélé que ces interlocuteurs lui avaient communiqué les noms de plusieurs anciens hauts gradés de l’Arnée en mars 1990 dont l’ancien commandant en chef , le général Hérard Abraham et l’ex-général Acédius Saint Louis qui devraient être appréhendés afin de démontrer que l’interpellation de M. Avril n’était pas à caractère politique . Le juge a avoué qu’il était en face d’un problème de conscience et il a pris la décision de quitter le pays en lieu et place d’accepter l’inacceptable. Radio Métropole a tenté en vain d’obtenir la réaction du gouvernement Lavalas face aux accusations du juge Henry Kesner Noël . Il y a une semaine le juge Noël avait décidé de donner commission rogatoire à un collègue de Port-au-Prince pour entendre le général Avril suite aux problèmes de sécurité posés par les avocats de ce dernier relatif à son transfert à Saint Marc . Cette décision avait été notamment combattue par le commissaire du gouvernement de cette ville ,Maitre Frénot Cajuste. Le vendredi 26 avril dernier, à l’instar du “Komite Pa Lafwa “ qui défend les victimes de ce massacre, l’ancien avocat des paysans de Piattre Thomas Eddy Dupiton avait lavé de tout soupçon Prosper Avril dans cette tuerie . L’ancien général Prosper Avril avait été arrêté à Pétion-Ville le 26 mai 2001 au moment de la vente signature d’un livre sur l’insécurité en Haiti de 1995 à 2000 . M. Avril avait été dans un premier temps accusé de complot contre la sûreté de l’Etat puis de torture sur les prisionniers de la Toussaint , Jean Auguste Mezyeux , Marino Etienne et Evans Paul, en novembre 1989. En dépit de plusieurs ordres de libération , il avait été gardé en prison jusqu’à son élargissement le 15 avril dernier . Le même jour, il a été reconduit à sa cellule au Pénitencier National à Port-au-Prince sous l’accusation de participation au massacre d’une dizaine de paysans à Piattre , le 12 mars 1990, le jour de son départ pour l’exil.

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