Le problème de logement en Haïti préoccupe plusieurs organisations

Le Collectif des Organisations pour la Défense du Droit au Logement a organisé une journée de réflexion à Port-au-Prince, le 4 octobre 2013 dans le cadre de la Journée mondiale de l’Habitat célébrée chaque premier lundi du mois d’octobre. Selon un communiqué du GARR «Batay pou bon jan lojman se batay pou lavi », tel est le thème retenu cette année. Bilan des actions réalisées par le gouvernement dans le domaine du logement, bilan des réalisations des ONGs, rappel de la position du Collectif par rapport à la situation de logement et aux expulsions forcées, exposition de photos des familles déplacées dans les camps d’hébergement, présentation théâtrale, telles ont été entre autres les différentes activités réalisées pour marquer cette journée. Des représentants-es d’organisations nationales et internationales et des familles déplacées qui provenaient de la zone métropolitaine avaient participé à cette journée de réflexion très animée. A l’entrée du jardin du GARR, une exposition de photos donnait aux participants-es une idée sur la situation des personnes déplacées qui croupissent encore sous des tentes dans plus de trois ( 300) camps d’hébergement. Un sentiment de réconfort pouvait être lu sur les visages de ces familles déplacées avec lesquelles le Collectif des Organisations pour la Défense du Droit au Logement s’engage pour forcer l’Etat haïtien à doter ces citoyens-nes d’un logement décent et freiner les évictions forcées. Père Kawas François, Directeur du Centre de Recherche de Formation et d’Assistance Sociale ( CERFAS) qui dressait un bilan sur les actions réalisées par l’équipe au pouvoir au cours de cette journée, a déclaré qu’en dépit des efforts déployés par le gouvernement, aucune stratégie nationale n’est encore trouvée pour résoudre le problème de logement. « Sur 352 camps existant pour toute la zone métropolitaine, le gouvernement fera face à environ deux cent mille (200,000) personnes sinistrées qui vivront encore sous des tentes dans les camps des déplacés-es jusqu’à la fin de l’année 2013.», a-t-il indiqué. Le Responsable du CERFAS qui s’est planché également sur les grands défis auxquels fait face l’Etat haïtien dans la question foncière, a plaidé en faveur d’une prise en charge de ce problème qui selon lui est très lié à la problématique de logement. Pour sa part, le professeur Illionor Louis qui passait en revue la réalité des déplacés-es notamment ceux et celles vivant dans le grand bidonville de Canaan, Nord de la capitale, où des familles déplacées se sont installées depuis le passage du séisme dévastateur, a signalé que les conditions dans lesquelles vivent ces personnes déplacées sont le «résultat de l’abandon et l’insouciance de l’Etat». Le sociologue estime qu’il serait important que le gouvernement mette plus d’accent sur les services de bases au lieu de loger ces gens dans des zones enclavées. « Les autorités haïtiennes ne font que construire des zones racisées et discriminées se basant sur la distance par rapport à la ville.», a-t-il critiqué. Selon les témoignages d’un responsable de comité habitant un bloc du camp des déplacés-es de Jérusalem ( Canaan), les autorités haïtiennes ne font que marginaliser la population occupant cet énorme bidonville car a-t-il rappelé, des représentants de l’Etat et d’autres citoyens qualifient cette zone comme un carrefour d’insécurité. « Ils doivent savoir que nous autres qui vivons au Canaan, nous ne sommes pas des bandits comme nous entendons dire souvent à la radio. Nous avons droit à la protection et aux services de bases en tant que citoyens-nes.» Le secrétaire exécutif de l’organisme FRAKKA membre du Collectif, Sanon Reyneld, a critiqué le comportement des responsables du gouvernement qui, selon lui , intensifient les expulsions forcées au cours des neufs derniers mois de l’année 2013. « Environ 15 cas d’expulsions forcées ont été enregistrés allant de janvier à septembre 2013. Ces expulsions ont été réalisées par des représentants du pouvoir en place qui devraient pourtant accompagner les familles déplacées en les dotant logement décents comme stipule l’article 22 de la Constitution du 29 mars 1987.», a-t-il rappelé. Au terme de cette journée qui s’inscrivait dans le cadre d’une série d’activités organisées par le Collectif en prélude à la Journée mondiale de l’Habitat qui sera célèbre, le 7 octobre 2013, par une marche pacifique, une prestation théatrale avait aussi été présentée par des déplacés-es et un membre du Collectif des Organisations pour la Défense du Droit au Logement. EJ/Radio Métropole Haïti

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