Les 15 pays membres de la Communauté des Caraïbe (CARICOM) ont officiellement appelé mardi à des réparations pour les dommages causés par l’esclavage, la colonisation et la traite négrière. L’initiative, approuvée lundi lors du sommet des chefs d’Etat de la CARICOM à Saint-Vincent-et-les-Grenadines, vise trois anciennes puissances coloniales : La France, le Royaume-Uni et les Pays-Bas. L’Espagne et le Portugal ne sont pas concernés puisque leurs anciennes colonies ne font pas partie de la CARICOM. La CARICOM réclame des « excuses sincères et formelles aux gouvernements européens », l’annulation de la dette de ses pays membres ainsi que la mise en place d’un programme de rapatriement permettant aux descendants de « plus de 10 millions d’Africains déportés » de revenir vivre, s’ils le souhaitent dans leur pays d’origine. « La réparation pour l’esclavage et le siècle d’apartheid racial qui a suivi jusque dans les années 1950 s’avère comme une requête légitime aujourd’hui au sein des communautés caribéennes en raison des dommages persistants et des souffrances liées aux crimes contre l’humanité commis sous le colonialisme », a dit Hilary Beckles, président de la commission des réparations. Les quinze pays membres de la CARICOM ayant conclu cet accord sont Antigua et Barbuda, Bahamas, Barbados, Belize, Dominique, Haïti, Jamaïque, Grenades, Guyane, Montserrat, Ste. Lucie, Surinam, St Kitts et Nevis, St. Vincent et les Grenadines, et Trinité et Tobago. Cette décision rappelle la démarche de l’ex-président, Jean Bertrand Aristide, qui, en Avril 2003, avait exigé réparation et restitution de la part de la France pour les sommes versées en vue de la reconnaissance de l’indépendance d’Haïti. La France de Chirac avait créé une commission devant réfléchir sur relations franco-haïtiennes. Cette commission, présidée par l’ancien gauchiste Régis Debray, avait rejeté en bloc la demande de l’ancien prêtre, alléguant que la proposition du paiement de l’indemnité a été faite par les Haïtiens eux-mêmes. La démarche de l’ancien président a été reprise en mai 2013 par le Conseil Représentatif des Associations Noirs (CRAN), une fédération d’associations françaises de gauche basée à Paris, soutenu par le réseau « sortir du Colonialisme », qui avait assigné en justice La Caisse des Dépôts et des Consignations, une banque française, pour « crime contre l’humanité ». Le CRAN reproche à cette banque d’avoir encaissé le tribut financier exigé à Haïti pour la reconnaissance de son indépendance face aux troupes napoléoniennes en 1804. Ce montant, selon Louis-Georges Tin, Président du CRAN, équivaudrait aujourd’hui à plus de 20 milliards de dollars. C’est cette rançon qui, selon lui, a précipité Haïti dans une spirale infernale qu’aujourd’hui encore, nous en ressentons les effets. Les dirigeants de la CARICOM se disent prêtent à opter pour un litige si l’Europe refuse de négocier. Le Premier ministre Gonsalves, a confié que la conférence de juin sera une discussion réfléchie avec les Européens, ajoutant que la CARICOM espère que les Européens vont accepter d’entrer en pourparlers. D’aucuns espèrent que l’ensemble des gouvernants des Caraïbes dont Michel Martelly n’auront pas à subir les même pressions que l’ancien Président Jean Bertrand Aristide, pour avoir soulevé cette affaire de réparation et restitution. MJ/Radio Métropole
Les Etats Caribéens exigent réparation pour les dommages causés par l’esclavage
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