Les vols humanitaires vers Haïti reprennent prudemment

MIAMI (Reuters) – Trois jours après le départ forcé de Jean-Bertrand Aristide, des avions chargés d’aide alimentaire et médicale étaient attendus mercredi en Haïti où la situation humanitaire est proche de la crise. A Miami, la ville des Etats-Unis la plus proche de l’île, missionnaires et représentants d’organisations non gouvernementales qui avaient fui pour échapper aux combats ont accentué leurs préparatifs. « Il n’est pas exagéré de dire que la situation humanitaire doit être terrible », avance Ken Boodhoo, spécialiste des relations internationales à la Florida International University et dirigeant de l’ONG Whole Man Ministries. Des entrepôts où le Programme alimentaire mondial des Nations unies avaient stocké des rations alimentaires ont été pillés dans le chaos qui a suivi l’insurrection haïtienne. Cette aide alimentaire, entreposée avant le soulèvement fatal au régime de Jean-Bertrand Aristide, était destinée à plusieurs centaines de milliers de personnes. L’Onu estime qu’un tiers des quelque huit millions d’habitants de l’île souffrent de malnutrition et disposent de moins d’un dollar par jour pour assurer leur survie. Selon l’organisation internationale Oxfam, les conditions sont particulièrement difficiles à Port-de-Paix, une ville reculée du Nord-Ouest, où 80.000 personnes au moins sont menacées de maladies en raison d’une pénurie d’eau potable. D’après les informations recueillies par Ken Boodhoo, les habitants de ce secteur désolé en sont réduits à se nourrir de mangues pas encore arrivés à maturation. Il en résulte des cas de diarrhées souvent mortelles. « Et après avoir mangé ces mangues vertes, ils coupent les arbres et arrachent les racines pour en faire du charbon de bois. Que leur reste-t-il à faire ensuite ? Prendre le bateau (pour la Floride) », dit-il. CAP-HAÏTIEN TOUJOURS ISOLÉ Le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) a annoncé qu’un DC-8 transportant 30 tonnes de médicaments, d’eau potable, d’installations sanitaires et d’équipements obstétricaux était attendu mercredi matin à Port-au-Prince. L’Unicef destine cette cargaison à quelque 30.000 femmes et enfants. Par ailleurs, Dick Snook, président de Missionary Flights International, une association basée en Floride qui achemine de l’aide vers Haïti depuis 37 ans, a déclaré qu’un vol d’un de ses DC-8 était également programmé dans la journée. L’appareil devait atterrir à Port-au-Prince, où l’aéroport est placé sous la protection des « marines » américains débarqués dans l’île. L’association souhaitait également reprendre ses liaisons humanitaires avec Cap-Haïtien, la grande ville du nord de l’île, mais les installations de l’aérodrome ont été incendiées lors de la prise de la deuxième ville du pays par les insurgés. Pour l’heure, Missonary Flights International n’envisage pas de redéployer des expatriés dans l’île. « Ce sera pour plus tard, j’en suis sûr. Nous en avons évacué quelque 70 la semaine dernière et tous sont impatients d’y retourner, mais la situation devra s’apaiser un peu avant qu’ils ne repartent », souligne Dick Snook. Ces premières livraisons d’aide humanitaire devraient par conséquent être difficilement acheminables vers les provinces haïtiennes, et plutôt concentrées autour de Port-au-Prince.

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